Achetez mon livre : Photographier le ciel nocturne

Ça y est : le couvre-feu est enfin situé après le cré­pus­cule. Vous pou­vez donc de nou­veau regar­der les étoiles. Alors, pour­quoi ne pas les pho­to­gra­phier ? Faites un tour en librai­rie et pro­cu­rez-vous Pho­to­gra­phier le ciel noc­turne, d’A­dam Wood­worth, que j’ai eu le plai­sir de tra­duire en français.

Photographier le ciel nocturne, d'Adam Woodworth
Voi­là un livre qui change radi­ca­le­ment des tra­vaux pré­cé­dents. Ces der­niers mois avaient beau­coup par­lé de pho­to­gra­phie grand public, avec la série 52 défis, et de l’expé­rience des grands pho­to­graphes. Retour à la pra­tique : un sujet pré­cis, voi­là com­ment faire dans le détail, avec Adam Wood­worth et Pho­to­gra­phier le ciel noc­turne.

Petit aver­tis­se­ment : le sujet est un peu plus pré­cis que le titre le laisse pen­ser. Pho­to­gra­phier le ciel noc­turne parle essen­tiel­le­ment de pay­sage astro­no­mique, c’est-à-dire de réa­li­ser des images qui asso­cient un pay­sage noc­turne et la voûte étoi­lée. Il ne parle guère de pho­to­gra­phie du ciel pro­fond : ce n’est pas ici que vous décou­vri­rez en détail com­ment faire un gros plan de la Tête de che­val. En revanche, Andro­mède et Orion sont bien pré­sents dans cer­tains pas­sages : ils sont assez grands pour deve­nir des sujets à part entière dans le ciel de votre image.

En sor­tant de ce livre, vous sau­rez tout sur l’art de pho­to­gra­phier dans le noir — une acti­vi­té quelque peu para­doxale : pour pho­togra­phier, il faut bien de la lumière ! Vous ver­rez com­ment déter­mi­ner pré­ci­sé­ment où se trou­ve­ra tel objet céleste à quel moment exact ; com­ment véri­fier à quelle heure la Lune arrê­te­ra de pol­luer le ciel de toute sa lumière et vous lais­se­ra pho­to­gra­phier les plus fins détails de la Voie lac­tée ; com­ment choi­sir votre temps de pose et votre nombre de vues selon votre focale, votre lati­tude et le temps d’in­té­gra­tion total dési­ré ; com­ment assem­bler et fusion­ner plu­sieurs cen­taines de vues pour obte­nir une pho­to pré­cise, détaillée et propre ; et même com­ment vous équi­per et quelle balise de secours uti­li­ser quand vous par­ti­rez avec votre appa­reil à mille milles de toute terre éclairée.

Wood­worth pro­pose donc un bou­quin ultra-poin­tu, mais ultra-com­plet, qui plonge dans les moindres détails du sujet. Trop poin­tu ? Peut-être… Mais, en fait, de nom­breuses consi­dé­ra­tions sont adap­tables à d’autres acti­vi­tés. Par exemple, met­tez de côté la par­tie sur le pay­sage, et vous pour­rez vous essayer au ciel pro­fond. Étu­diez le maté­riel, et vous trou­ve­rez de quoi amé­lio­rer vos pay­sages diurnes. Regar­dez les conseils météo et pro­tec­tion per­son­nelle et gar­dez-les à l’es­prit le jour où vous par­ti­rez pho­to­gra­phier les montagnes.

Et puis, soyons hon­nête, ce livre repose aus­si en bonne part sur le plai­sir des yeux. De nom­breuses illus­tra­tions sont sublimes, bien por­tées par un papier sati­né qui offre une belle den­si­té aux zones noires.

Photo de la comète Neowise au Pentax K-1
Des étoiles nettes au 105 mm avec 1 minute de pose : sans l’As­tro­tra­cer, j’au­rais été limi­té à… 5 secondes !

J’ai tout de même un petit regret. Il y a un construc­teur d’ap­pa­reils pho­to qui a conçu des fonc­tions dédiées spé­cia­le­ment à la pho­to astro­no­mique. Un construc­teur qui per­met par exemple de pas­ser tout l’é­cran en rouge pour réduire l’é­blouis­se­ment de l’œil et per­mettre l’ob­ser­va­tion du ciel noc­turne. Un construc­teur qui sait dépla­cer un cap­teur pour suivre le mou­ve­ment appa­rent des étoiles, per­met­tant d’ob­te­nir des cli­chés nets avec plu­sieurs minutes de pose (au lieu d’une ving­taine de secondes au maxi­mum, pour un grand-angle ordi­naire). Un construc­teur qui per­met ain­si d’ob­te­nir des inté­gra­tions très longues avec une poi­gnée d’i­mages au lieu de plu­sieurs dizaines. Ce construc­teur s’ap­pelle Pentax, et il n’est pas cité une seule fois de tout l’ou­vrage. C’est d’au­tant plus para­doxal que Wood­worth a mani­fes­te­ment pas­sé du temps à cher­cher et tes­ter du maté­riel spé­cia­li­sé, qu’il s’a­gisse de tré­pieds, de mon­tures moto­ri­sées plus ou moins com­pactes, d’ob­jec­tifs, etc. ; il a en revanche tota­le­ment fait l’im­passe sur les boî­tiers, qui sont pour­tant le domaine où un construc­teur géné­ra­liste pro­pose des fonc­tions dédiées à cette activité.

En dehors de ce manque éton­nant, l’ou­vrage est fouillé, tech­nique, poin­tu et didac­tique à la fois. Il donne envie de s’es­sayer à cette pra­tique ori­gi­nale. Et les superbes illus­tra­tions vous per­met­tront de le lais­ser traî­ner non­cha­lam­ment sur la table du salon pour cap­ti­ver les visiteurs.