Achetez mon livre : Comment et pourquoi nous créons

Votre libraire pré­fé­rée a dû mettre en rayon aujourd’­hui un nou­vel ouvrage : Pour­quoi et com­ment nous créons, signé Sean Tucker et adap­té en fran­çais par mes doigts sur mon clavier.

Pourquoi et comment nous créons, de Sean Tucker

Le livre pho­to, ça n’est pas un genre. C’est un ensemble de genres, qui forment des conti­nuums. Plus ou moins didac­tique, plus ou moins auto­bio­gra­phique, plus ou moins intel­lec­tuel, plus ou moins pra­tique… D’un côté, vous avez les listes de recettes à appli­quer pas-à-pas et de défis pour asti­co­ter votre ins­pi­ra­tion, de l’autre, vous avez les réflexions sur l’hu­ma­ni­té en pho­to­gra­phie ou sur les rap­ports entre psy­cho­lo­gie et pho­to.

Sean Tucker est clai­re­ment plus adepte de l’in­tros­pec­tion à la duChe­min que de l’a­na­lyse magis­trale d’un Free­man ou du petit dis­cours de moti­va­tion d’un Duckett. En fait, il va même plus loin que duChe­min, qui s’é­tait déjà fait remar­quer en construi­sant ses ouvrages comme des romans entre­cou­pés de cahiers pho­to : ici, il n’y a même plus de cahiers pho­to. Le seul cli­ché que vous trou­ve­rez dans cet ouvrage se situe en couverture.

Si vous vou­lez voir les pho­tos dont parle Tucker, il fau­dra donc vous munir d’un smart­phone ou d’un navi­ga­teur inter­net, pour fla­sher les codes QR ou vous rendre sur son site.

Ça paraît bizarre ? Oui et non. D’une part, il n’est pas que pho­to­graphe. Il est aus­si vidéaste, et cer­tains pas­sages ren­voient plus à des vidéos qu’à des pho­tos. Ce serait bizarre de vous ren­voyer à un autre sup­port seule­ment pour tel ou tel élément.

D’autre part et sur­tout, ceci n’est pas un livre de pho­to. C’est un livre d’art. Il se trouve que son auteur est pho­to­graphe, mais il aurait pu être écrit par un sculp­teur, un poète, un dan­seur, un réa­li­sa­teur… Comme l’in­dique le titre, le sujet du livre, c’est la créa­tion au sens large. Pour­quoi nous autres, singes bipèdes, nous sommes mis à faire des trucs juste pour expri­mer et par­ta­ger nos émo­tions, essayer de les faire com­prendre aux autres, et par­fois ten­ter de les com­prendre nous-mêmes.

Du coup, ça parle un peu de tout. De psy­cho­lo­gie évi­dem­ment, de peurs et d’es­poirs divers et variés, d’hu­ma­ni­té et d’in­hu­ma­ni­té, de reli­gion et de croyances (curieu­se­ment, je me suis pas mal retrou­vé dans cer­tains pas­sages sur l’É­glise, bien que Tucker ait été sémi­na­riste angli­can alors que j’os­cille depuis tou­jours entre agnos­ti­cisme et athéisme anti­clé­ri­cal), de frus­tra­tions et de satis­fac­tions, de hontes auto­des­truc­trices et de construc­tion de soi, de ran­cœur et de géné­ro­si­té, de fidé­li­té et d’abandon…

Ça peut sem­bler bor­dé­lique et, hon­nê­te­ment, ça l’est un peu. Mais c’est aus­si pro­fon­dé­ment humain, bien­veillant mal­gré la cri­tique par­fois dure, et ça touche tel­le­ment à tout que vous trou­ve­rez for­cé­ment des pas­sages qui vous par­le­ront inti­me­ment. Ça vous fera évi­dem­ment réflé­chir à votre rap­port à la pho­to, à pour­quoi vous en faites et com­ment vous vou­lez la pra­ti­quer, mais ça peut aus­si un peu vous faire deman­der qui vous êtes et qui vous vou­lez être. C’est en tout cas éton­nam­ment inté­res­sant pour un livre pho­to qui ne contient aucune photo.