Achetez mon livre : David Yarrow, une vision de la photographie

Les années se suivent et (ne) se res­semblent (pas). Le prin­temps, c’est la sai­son du livre de Mas­ters of Pho­to­gra­phy ; et, après Meye­ro­witz et Wat­son, c’est David Yar­row qui s’y colle. Allez donc voir votre libraire pré­fé­rée, elle doit avoir reçu une pile de superbes lions qui vous regardent bien en face, avec écrit des­sus : Une vision de la pho­to­gra­phie — David Yar­row. Et comme les pré­cé­dents, c’est mon cla­vier qui a pro­duit la ver­sion française.

Une vision de la photographie, par David Yarrow

J’a­vais bien aimé les Une vision de la pho­to­gra­phie de Meye­ro­witz et de Wat­son. Mais je ne suis ni pho­to­graphe de rue, ni por­trai­tiste de célé­bri­tés. En revanche, pho­to­gra­phier des bes­tioles, c’est une grosse par­tie de mon quo­ti­dien. Autant dire que quand Julie, l’é­di­trice qui s’oc­cupe de cette col­lec­tion, m’a dit que le troi­sième opus serait sur Yar­row, j’ai reje­té un œil à ses images (vous connais­sez ma mémoire des noms…), j’ai repris une baffe mons­trueuse (sur des pho­tos que j’a­vais déjà vues dix fois en bavant), et j’ai com­men­cé à fré­tiller sur mon fau­teuil en atten­dant de tra­duire ça.

Comme les pré­cé­dents, ce troi­sième Une vision de la pho­to­gra­phie est une suc­ces­sion de cha­pitres, à mi-che­min entre leçons et réflexions per­son­nelles. Yar­row par­tage des conseils simples (étu­diez tous les pho­to­graphes, voyez toutes les pho­tos, regar­dez tous les films, vous en tire­rez quelque chose), des expli­ca­tions détaillées sur son tra­vail (son goût pour l’im­mer­sion fron­tale et ce que ça sup­pose de risque, de pru­dence et de télé­com­mandes), des anec­dotes amu­santes (à quoi mène une coupe de che­veux), des petits trucs pour appro­cher les gens (homo sapiens fait aus­si par­tie des espèces pho­to­gra­phiables)… C’est bref, lisible, entraî­nant, varié, et vous y trou­ve­rez une ins­pi­ra­tion constante.

Yar­row se dis­tingue tout de même de Meye­ro­witz et Wat­son sur un point : il a trou­vé son style plus jeune qu’eux et a moins fait un peu de tout un peu par­tout. Aus­si, là où ceux-ci pas­saient un cer­tain nombre de pages à pré­sen­ter des tra­vaux dif­fé­rents de ceux pour les­quels ils étaient connus, celui-là reste plus homo­gène. Les pre­miers cha­pitres, sur sa jeu­nesse et les pay­sages, sortent du lot, mais ensuite vous ver­rez sur­tout les noirs et blancs puis­sants, le style ultra-éner­gique et les bêtes impres­sion­nantes qui ont fait sa célébrité.

Voi­là en tout cas un ouvrage incon­tour­nable pour qui­conque s’in­té­resse vague­ment aux ani­maux : qu’on adhère ou pas au style très extrême de Yar­row, on doit bien recon­naître qu’en moyenne, on prend une claque à chaque fois qu’on tourne une page. Et quels que soient vos centres d’in­té­rêt et votre style, com­prendre com­ment appro­cher des sujets méfiants, gérer votre propre sécu­ri­té, uti­li­ser le maté­riel et le pay­sage, jouer sur le trai­te­ment et le tirage pour faire ces images ultra-nettes qui claquent, c’est un savoir-faire indispensable.