Achetez mon livre : Photographier ce que les autres ne voient pas
|Avez-vous accès à un bon libraire ? Si c’est le cas, profitez-en pour accéder à son rayon “photographie” et vous procurer Photographier ce que les autres ne voient pas, de Michael Freeman, qui a occupé mon clavier pendant la fin du confinement. Vous devriez le trouver facilement, sa tranche verte claquant d’un bout à l’autre de la librairie.
Michael Freeman a beaucoup fait d’ouvrages didactiques, qui expliquaient pas à pas comment obtenir tel effet ou placer son éclairage, ou qui discutaient de la composition et de l’esprit de la photographie. Et tout au long de ces livres, il a largement puisé dans ses archives personnelles pour illustrer ses propos. C’était le cas du premier de ses travaux à être passé par mon clavier, L’art du noir et blanc.
Avec Photographier ce que les autres ne voient pas, la recette évolue sensiblement. Freeman ne cherche cette fois pas à présenter des solutions, mais plutôt à expliquer comment telle photo est devenue possible. Le leitmotiv : comment accéder à cette image ? Et pour la prendre, comment accéder à cet endroit, à ces personnes, à cet instant, à ce savoir ?
Et comme il est difficile de présenter tous les types d’accès à partir de son propre travail, Freeman a cette fois largement utilisé le coup de fil à un ami : il convoque une trentaine d’autres photographes, dans des domaines et des styles extrêmement variés, pour montrer comment tel ou tel accès a pu déverrouiller telle ou telle photo. Vous verrez comment Patricia Pomerleau a accédé aux coulisses du théâtre de l’Ermitage, comment Hazel Thompson s’est glissée dans les prisons philippines, comment William Albert Allard a obtenu la confiance des Amish, comment David duChemin a pris le temps de connaître le Kenya…
En racontant ces petites histoires, Freeman en crée une grande : reconnaître les possibilités, savoir les saisir, anticiper ou sauter sur l’occasion, se faire aider ou apprendre à se débrouiller, avec toujours le même but – atteindre une photo qui sorte de l’ordinaire. La narration est plus directe et moins ampoulée que dans certains de ses précédents ouvrages : les petits chapitres se lisent aisément, dans l’ordre ou au gré de l’inspiration.
Comme les récents bouquins de ce style chez Eyrolles, celui-ci a une belle couverture rigide et un papier satiné agréable qui met bien en valeur les images. Les aplats sur la tranche et le titre vous rappellent qu’une granny smith se reconnaît de loin, mais cela donne un contraste intéressant avec la photo de Freeman qui illustre la couverture : le moderne clinquant rencontre le traditionnel subtil. Les plus pinailleurs pourront regretter une trame d’impression un peu visible sur les couleurs les plus claires (notamment p.117), mais dans l’ensemble c’est encore un bien bel ouvrage qui prendra place dans vos bibliothèques.