Canon EF‑M 28 mm : standard, macro, stabilisé

À chaque fois que Canon lance du maté­riel dans le sys­tème EOS M, c’est un petit évé­ne­ment. Pen­sez : depuis sa pré­sen­ta­tion (avec l’EOS M et les EF‑M 18–55 mm et 22 mm, en juillet 2012), on n’a vu que 3,5 appa­reils (l’EOS M2 est lar­ge­ment res­té dans son pla­card) et on ne comp­tait encore hier soir que cinq objec­tifs, un 11–22 mm, un 15–45 mm et un inévi­table 55–200 mm ayant rejoint les pre­miers-nés. Voi­ci donc l’é­vé­ne­ment de l’an­née pour ceux que les hybrides Canon inté­ressent : le EF‑M 28 mm f/3,5 Macro IS STM. Mieux : c’est éga­le­ment le pre­mier objec­tif M qui sorte des sen­tiers battus.

Toute la gamme EF-M au 10 mai 2016. - photo Canon
Toute la gamme EF‑M au 10 mai 2016. — docu­ments Canon

Repre­nez la gamme avec moi. En focales équi­va­lentes 24×36 mm, nous avons un 18–35 mm, un 24–72 mm, un 29–88 mm, un 88–320 mm, tous quatre à ouver­ture glis­sante et tous rela­ti­ve­ment volu­mi­neux. Pour tenir la pro­messe d’en­com­bre­ment modé­ré habi­tuelle sur les “com­pacts” à objec­tifs inter­chan­geables, nous n’a­vons qu’un équi­valent 35 mm, qui fait 2,4 cm de lon­gueur. Même pas un vrai grand-angle (équi­valent 28 mm pro­po­sé par Fuji­film et Pana­so­nic ou 24 mm chez Sony), pas d’ob­jec­tif à por­trait, pas de focale fixe stan­dard… Quant aux ama­teurs de macros, ils pou­vaient direc­te­ment aller voir ailleurs : le meilleur rap­port de repro­duc­tion était un bête 1:3, obte­nu par le 11–22 mm.

Une nouveauté de taille

Deux de ces manques sont cor­ri­gés d’un coup avec le nou­vel EF‑M 28 mm f/3,5 Macro IS STM.

D’a­bord, c’est un stan­dard, repre­nant le champ d’un 45 mm en 24×36 mm. Certes, il n’ouvre qu’à f/3,5, ce qui le met très loin des “fast fif­ties” et ne lui per­met­tra pas de flou­ter les arrière-plans comme en mon­tant le EF 28 mm f/1,8 USM sur un appa­reil APS‑C ; mais en com­pen­sa­tion, il coûte 370 € au lieu de 550 €, il pèse presque 200 g de moins, et il est équi­pé d’une sta­bi­li­sa­tion optique sur quatre axes.

En position de transport, le 28 mm fait 46 mm de longueur. - photo Canon
En posi­tion de trans­port, le 28 mm fait 46 mm de lon­gueur. — docu­ment Canon

Sta­bi­li­sa­tion sur quatre axes. Oui, il reçoit la sta­bi­li­sa­tion hybride, que Canon a conçue pour ses objec­tifs macro. Logique : c’est un objec­tif macro, un vrai selon la clas­si­fi­ca­tion tech­nique (“un objec­tif macro est un objec­tif capable de pro­duire une image en taille réelle de l’ob­jet visé”). En fait, il va même légè­re­ment au-delà, puis­qu’il atteint le rap­port 1,2:1 — un objet de 18,5 mm de lar­geur empli­ra donc la tota­li­té du cadre.

La dis­tance de mise au point est alors de 9,3 cm. Vous trou­ve­rez çà et là des articles disant que la dis­tance de mise au point serait de 1,5 cm ; c’est évi­dem­ment faux (sans même faire de cal­cul com­pli­qué, une mise au point plus courte que la focale, ça sup­po­se­rait un rap­port de repro­duc­tion supé­rieur à l’in­fi­ni) et il s’a­git en fait de la dis­tance de tra­vail, celle qui sépare le sujet de l’a­vant de l’objectif.

Fai­sons le calcul :

Position transport et position macro. - documents Canon
Posi­tion trans­port et posi­tion macro. — docu­ments Canon

D’a­près les visuels four­nis, on peut esti­mer la lon­gueur de l’ob­jec­tif en posi­tion macro à 61,2 mm. Le tirage méca­nique de la mon­ture EF‑M (autre­ment dit, la dis­tance du plan d’ap­pui au plan du cap­teur) est de 18 mm. L’a­vant de l’ob­jec­tif est donc à 79 mm du plan du cap­teur. Avec une dis­tance de mise au point de 93 mm, ça nous laisse 14 mm de dis­tance de tra­vail — on annon­çait 15 ? Le com­mu­ni­qué anglais disait 13 mm, et quand je tombe à un mil­li­mètre près en pre­nant des mesures sur un visuel construc­teur, je suis déjà super content.

Fiat lux

Mais ce rap­port de repro­duc­tion assez excep­tion­nel n’est pas la nou­veau­té vrai­ment remar­quable de ce 28 mm.

Il y a un truc qui énerve tou­jours avec les objec­tifs macro rela­ti­ve­ment courts, un truc lié à leur dis­tance de tra­vail réduite : ils font de l’ombre aux sujets. Quand vous appro­chez un machin opaque de six ou huit cen­ti­mètres de dia­mètre d’un objet de quelques mil­li­mètres de lon­gueur, la lumière a beau­coup de mal à se frayer un che­min jus­qu’à celui-ci.

La solu­tion clas­sique, c’est le flash annu­laire ; Canon en pro­pose un, le MR-14EX II, qui a le double avan­tage d’être extrê­me­ment abor­dable (seule­ment 750 €) et pas du tout encom­brant, sur­tout sur un boî­tier hybride (c’est un bloc de 7×12 cm sur la griffe flash, plus un anneau de 13 cm de dia­mètre autour de l’ob­jec­tif, et le tout pèse seule­ment 600 g avec les piles). Oui, cette phrase était sarcastique.

Objectif macro et flash annulaire, enfin fusionnés. - documents Canon
Objec­tif macro et flash annu­laire, enfin fusion­nés. — docu­ments Canon

Ici, un anneau lumi­neux est direc­te­ment inté­gré sur la face avant de l’ob­jec­tif. Le prin­cipe n’est pas vrai­ment nou­veau : cer­tains com­pacts doués en macro, la famille Pentax-Ricoh WG en tête, ont déjà été équi­pés de diodes pla­cées autour de la len­tille fron­tale pour éclai­rer les sujets proches. C’est en revanche une grande nou­veau­té sur un objec­tif amo­vible, du genre dont on se dit “enfin ! Pour­quoi per­sonne ne l’a­vait fait avant ?”

Le pire, c’est que l’i­dée elle-même n’a rien de neuf : outre les com­pacts, l’é­clai­rage inté­gré est un clas­sique dans le domaine médi­cal, que vous trou­ve­rez notam­ment dans les Nik­kor 200 mm et 120 mm — des objec­tifs un peu spé­ciaux, spé­cia­le­ment dédiés à la macro et dépour­vus de mise au point — et tous les sys­tèmes dédiés à la pho­to de fond de l’œil.

Au pas­sage, on note­ra que ce 28 mm est livré avec un pare-soleil, ce qui n’est jamais gagné chez Canon (de mémoire, je crois que c’est la pre­mière fois dans la gamme EF‑M). Bien enten­du, le fait que celui-ci soit indis­pen­sable pour avoir un pas de vis porte-filtre a peut-être joué ; évi­dem­ment, cer­tains concur­rents four­nissent sys­té­ma­ti­que­ment un pare-soleil avec tous les objec­tifs. Mais c’est tou­jours bon à avoir.

En tout cas, pour les ama­teurs de pho­to rap­pro­chée, les hybrides Canon viennent de pas­ser de “abso­lu­ment aucun inté­rêt” à “à sur­veiller, pour­rait deve­nir incon­tour­nable”. C’est un petit pas pour l’op­tique, mais un bond de géant pour le sys­tème EOS M.