Canon EF‑M 28 mm : standard, macro, stabilisé
|À chaque fois que Canon lance du matériel dans le système EOS M, c’est un petit événement. Pensez : depuis sa présentation (avec l’EOS M et les EF‑M 18–55 mm et 22 mm, en juillet 2012), on n’a vu que 3,5 appareils (l’EOS M2 est largement resté dans son placard) et on ne comptait encore hier soir que cinq objectifs, un 11–22 mm, un 15–45 mm et un inévitable 55–200 mm ayant rejoint les premiers-nés. Voici donc l’événement de l’année pour ceux que les hybrides Canon intéressent : le EF‑M 28 mm f/3,5 Macro IS STM. Mieux : c’est également le premier objectif M qui sorte des sentiers battus.
Reprenez la gamme avec moi. En focales équivalentes 24×36 mm, nous avons un 18–35 mm, un 24–72 mm, un 29–88 mm, un 88–320 mm, tous quatre à ouverture glissante et tous relativement volumineux. Pour tenir la promesse d’encombrement modéré habituelle sur les “compacts” à objectifs interchangeables, nous n’avons qu’un équivalent 35 mm, qui fait 2,4 cm de longueur. Même pas un vrai grand-angle (équivalent 28 mm proposé par Fujifilm et Panasonic ou 24 mm chez Sony), pas d’objectif à portrait, pas de focale fixe standard… Quant aux amateurs de macros, ils pouvaient directement aller voir ailleurs : le meilleur rapport de reproduction était un bête 1:3, obtenu par le 11–22 mm.
Une nouveauté de taille
Deux de ces manques sont corrigés d’un coup avec le nouvel EF‑M 28 mm f/3,5 Macro IS STM.
D’abord, c’est un standard, reprenant le champ d’un 45 mm en 24×36 mm. Certes, il n’ouvre qu’à f/3,5, ce qui le met très loin des “fast fifties” et ne lui permettra pas de flouter les arrière-plans comme en montant le EF 28 mm f/1,8 USM sur un appareil APS‑C ; mais en compensation, il coûte 370 € au lieu de 550 €, il pèse presque 200 g de moins, et il est équipé d’une stabilisation optique sur quatre axes.
Stabilisation sur quatre axes. Oui, il reçoit la stabilisation hybride, que Canon a conçue pour ses objectifs macro. Logique : c’est un objectif macro, un vrai selon la classification technique (“un objectif macro est un objectif capable de produire une image en taille réelle de l’objet visé”). En fait, il va même légèrement au-delà, puisqu’il atteint le rapport 1,2:1 — un objet de 18,5 mm de largeur emplira donc la totalité du cadre.
La distance de mise au point est alors de 9,3 cm. Vous trouverez çà et là des articles disant que la distance de mise au point serait de 1,5 cm ; c’est évidemment faux (sans même faire de calcul compliqué, une mise au point plus courte que la focale, ça supposerait un rapport de reproduction supérieur à l’infini) et il s’agit en fait de la distance de travail, celle qui sépare le sujet de l’avant de l’objectif.
Faisons le calcul :
D’après les visuels fournis, on peut estimer la longueur de l’objectif en position macro à 61,2 mm. Le tirage mécanique de la monture EF‑M (autrement dit, la distance du plan d’appui au plan du capteur) est de 18 mm. L’avant de l’objectif est donc à 79 mm du plan du capteur. Avec une distance de mise au point de 93 mm, ça nous laisse 14 mm de distance de travail — on annonçait 15 ? Le communiqué anglais disait 13 mm, et quand je tombe à un millimètre près en prenant des mesures sur un visuel constructeur, je suis déjà super content.
Fiat lux
Mais ce rapport de reproduction assez exceptionnel n’est pas la nouveauté vraiment remarquable de ce 28 mm.
Il y a un truc qui énerve toujours avec les objectifs macro relativement courts, un truc lié à leur distance de travail réduite : ils font de l’ombre aux sujets. Quand vous approchez un machin opaque de six ou huit centimètres de diamètre d’un objet de quelques millimètres de longueur, la lumière a beaucoup de mal à se frayer un chemin jusqu’à celui-ci.
La solution classique, c’est le flash annulaire ; Canon en propose un, le MR-14EX II, qui a le double avantage d’être extrêmement abordable (seulement 750 €) et pas du tout encombrant, surtout sur un boîtier hybride (c’est un bloc de 7×12 cm sur la griffe flash, plus un anneau de 13 cm de diamètre autour de l’objectif, et le tout pèse seulement 600 g avec les piles). Oui, cette phrase était sarcastique.
Ici, un anneau lumineux est directement intégré sur la face avant de l’objectif. Le principe n’est pas vraiment nouveau : certains compacts doués en macro, la famille Pentax-Ricoh WG en tête, ont déjà été équipés de diodes placées autour de la lentille frontale pour éclairer les sujets proches. C’est en revanche une grande nouveauté sur un objectif amovible, du genre dont on se dit “enfin ! Pourquoi personne ne l’avait fait avant ?”
Le pire, c’est que l’idée elle-même n’a rien de neuf : outre les compacts, l’éclairage intégré est un classique dans le domaine médical, que vous trouverez notamment dans les Nikkor 200 mm et 120 mm — des objectifs un peu spéciaux, spécialement dédiés à la macro et dépourvus de mise au point — et tous les systèmes dédiés à la photo de fond de l’œil.
Au passage, on notera que ce 28 mm est livré avec un pare-soleil, ce qui n’est jamais gagné chez Canon (de mémoire, je crois que c’est la première fois dans la gamme EF‑M). Bien entendu, le fait que celui-ci soit indispensable pour avoir un pas de vis porte-filtre a peut-être joué ; évidemment, certains concurrents fournissent systématiquement un pare-soleil avec tous les objectifs. Mais c’est toujours bon à avoir.
En tout cas, pour les amateurs de photo rapprochée, les hybrides Canon viennent de passer de “absolument aucun intérêt” à “à surveiller, pourrait devenir incontournable”. C’est un petit pas pour l’optique, mais un bond de géant pour le système EOS M.