Centenaire de La Fayette
|Oui, je sais, je vous vois venir : “quoi, centenaire de La Fayette, La Fayette est né en 1757, pis son anniversaire est à la fin de l’été, d’abord.” Certes, mais il y a un truc : ce n’est pas du marquis qu’il est question ici, mais de l’escadrille nommée en sa mémoire. Ce brave Gilbert avait aidé ce qui deviendrait les États-Unis à gagner son indépendance, il fut donc logique de donner son nom aux volontaires américains venus aider la France pendant la première guerre mondiale. L’escadrille franco-américaine La Fayette fut formée au printemps 1916 et déployée le 20 avril : aujourd’hui, c’est donc bien son centenaire.
On peut reprocher plein de choses à l’armée de l’air, mais pas d’oublier les traditions. Du coup, pour commémorer l’événement, elle a organisé une sorte de mini-meeting aérien, réunissant à nouveau hamburger et pot-au-feu : neuf avions des deux pays sont ainsi venus survoler le mémorial de l’escadrille, à Marnes-la-Coquette. Celui-ci n’étant pas vraiment facile d’accès, les appareils sont en fait arrivés par l’ouest, puis ont fait demi-tour au-dessus de Boulogne pour ne pas pénétrer la zone interdite de Paris.
Peu après 11 h, il y eut donc deux “blocs”. Les Français ont ouvert le bal, avec trois Mirage 2000N de l’escadron de chasse 2/4 La Fayette suivis du Rafale B qui va les remplacer dans les prochaines années. Notez la décoration particulière du leader, avec une bannière étoilée sur l’aile et une tête de sioux (l’emblème de la feue escadrille La Fayette) sur la dérive.
Quatre F‑22 Raptor ont suivi leur trace. Ce sont des avions assez rares en France et je n’en avais jamais vu voler, mais en même temps c’est pas un truc spécialement beau — il est moins moche que le F‑117, mais on voit quand même un peu que ce sont les radars plus que l’aérodynamique qui l’ont dessiné…
Et pour finir en beauté, un truc encore plus rare chez nous et réputé très très moche (même les gens qui volent dessus l’appellent “big ugly fat fellow”, soit “brave type, gros, moche et gras”), le B‑52 Stratofortress. Il est effectivement très gros, et d’une esthétique un peu particulière avec ses verrues sur le nez, ses huit réacteurs réunis par paires et sa queue encombrante qui dépasse derrière l’empennage. Ceci dit, c’est lui qui excitait le plus la foule — pourtant, on aurait pu imaginer qu’elle soit un peu blasée après avoir vu passer un box de Raptor une heure plus tôt !
La météo était au grand beau, et tout ça, c’est des avions à réaction. Rien de très compliqué à gérer donc : l’essentiel, c’est de garder une vitesse suffisante pour éviter les flous de bougé (1/400 s, voire plus).
En fait, la grande question aujourd’hui était surtout celle des cadrages. Google Maps et Frédéric Marsaly étaient d’accord pour dire que se placer sur les hauteurs du parc de Saint-Cloud serait un bon plan pour voir passer les avions, et de là, ça permet en prime d’avoir la tour Eiffel en arrière-plan.
Ça permet de faire ce genre de photo et donc de changer un peu des gros plans sur les avions. Ici, on voit tout l’intérêt du Sigma 50–500 mm : une seconde après avoir pris cette photo au “grand-angle”, j’étais au télé en train de faire les gros plans de la patrouille — les objectifs les plus courants en meeting aérien, les 120–400 mm, 100–400 mm, 150–500 mm et désormais 150–600 mm, sont trop longs à leur plus courte focale pour réaliser de vrais plans larges.Outre le fait de ressortir un peu le télé et de se dérouiller les doigts à la veille de la saison des meetings (dans dix jours, le Carrefour de l’air ; dans trois semaines, la Ferté-Alais, et après ça s’enchaîne), ce genre d’opérations permet de faire des sujets inhabituels dans des conditions qui changent un peu. Avec un seul passage par appareil, il s’agit d’être prêt, de ne pas s’emmêler, mais d’un autre côté ça évite de se retrouver avec une pleine carte mémoire de fichiers à trier. J’ai en tout 90 déclenchements aujourd’hui, c’est à peu près ce que je fais en une heure à la Ferté-Alais. Et entre nous, c’est agréable, un “editing” qui prend pas la journée. Ça permet même de publier des trucs le soir même, ce qui est meilleur pour l’ego que d’accumuler 600 Go de fichiers à trier.