Si tu veux un Lytro…

Ne tour­nons pas autour du pot : B&H Pho­to Video pro­pose le Lytro Illum à 380 $. Si vous faites par­tie des per­vers que cet appa­reil inté­resse, c’est le moment de faire chauf­fer votre carte bleue.

Certes, il y a peu de chances que ça soit le cas : cet article s’a­dresse aux 1 % qui ont une case en moins suf­fi­sante pour appré­cier ce truc. L’Illum est peut-être l’ap­pa­reil le plus atta­chiant que j’aie eu le loi­sir de tes­ter (et j’en ai tes­tés quelques-uns). C’est en tout cas une des rares “révo­lu­tions” annon­cées récem­ment pour les­quelles le terme n’é­tait pas gal­vau­dé : il modi­fie la façon même de conce­voir et de com­po­ser une photo.

Un bridge sans viseur avec un équivalent 30-250 mm f/2 : c'est l'Illum.
Un bridge sans viseur avec un équi­valent 30–250 mm f/2 : c’est l’Illum.

Pour rap­pel, il s’a­git d’un appa­reil plé­nop­tique, c’est-à-dire qu’il enre­gistre non seule­ment le point d’ar­ri­vée, mais aus­si la direc­tion des rayons lumi­neux qui pénètrent son objec­tif. Il est donc pos­sible de recons­ti­tuer en trois dimen­sions l’o­ri­gine des rayons, de les pro­je­ter sur un cap­teur vir­tuel à la posi­tion (mise au point) et à l’in­cli­nai­son (bas­cule) que l’on veut, de modi­fier la pro­fon­deur de champ à volon­té et même de l’é­tendre en conser­vant l’ar­rière-plan d’une très grande ouver­ture, et tout cela indé­pen­dam­ment de la lumi­no­si­té de l’image.

Autre­ment dit, là où, avec un appa­reil clas­sique, votre pre­mière inquié­tude est “l’i­mage est-elle nette ?” et votre deuxième “la pro­fon­deur de champ est-elle suf­fi­sante, sans trop faire perdre de lumière ?”, avec l’Illum, ces deux para­mètres se règlent tran­quille­ment sur l’or­di­na­teur, aus­si aisé­ment que la balance des blancs !

Lytro Desktop se préparant à importer un lot d'images (métaphore). - image Disney
Lytro Desk­top se pré­pa­rant à impor­ter un lot d’i­mages (méta­phore). — image Disney

L’Illum a éga­le­ment une inter­face très ori­gi­nale, avec un grand écran tac­tile et peu de réglages directs, il n’a pas de retard à la prise de vue (rap­pel : la mise au point se fait après) mais est par­fois un peu lent à la lec­ture, sa ges­tion de la sen­si­bi­li­té est catas­tro­phique, sa plage dyna­mique est médiocre et le pas­sage par le logi­ciel Lytro Desk­top est obli­ga­toire — celui-ci ayant des pos­si­bi­li­tés stu­pé­fiantes, mais aus­si une capa­ci­té rare à faire pas­ser les pares­seux de Zoo­to­pie pour des exemples de réactivité.

Mais il redé­fi­nit com­plè­te­ment le champ des pos­sibles en pho­to­gra­phie, il incite les débu­tants (et les autres) à pen­ser à com­po­ser en pro­fon­deur pour pro­fi­ter de ses pos­si­bi­li­tés, il excelle en por­trait (à condi­tion d’a­voir plein de lumière) et en macro (quand le sujet n’est pas dans l’ombre de l’ob­jec­tif), et il per­met de faire des images inter­ac­tives (ci-des­sus : cli­quez pour refaire le point, dépla­cez pour chan­ger le point de vue).

L’Illum a été lan­cé à 1500 $. Il est main­te­nant à 380 $, et j’ai peine à croire qu’il baisse encore. Le sou­ci, c’est que B&H Pho­to Video ne livre pas en France : il vous fau­dra un cou­sin amé­ri­cain (ou andor­ran, ou irlan­dais, enfin, je vous laisse cher­cher quels pays sont des­ser­vis et à quel prix — je vous décon­seille le cou­sin kir­ghiz, la livrai­son coûte 140 $) pour en profiter.