Photo a day challenge : bilan

Vous le savez, avril fut l’oc­ca­sion de la troi­sième édi­tion du défi “A pho­to a day”, orga­ni­sé par Ghusse.

J’é­tais en bien meilleures dis­po­si­tions morales qu’en 2009, pour la deuxième édi­tion, et je n’ai du coup pas hési­té à m’a­jou­ter une contrainte : ten­ter de faire une série homo­gène, chose que je n’a­vais jamais faite depuis mes débuts de pho­to­graphe. Je ne veux pas par­ler d’une lignée d’i­mages prises en repor­tage au même endroit avec le même sujet, mais d’une vraie série construite dans la durée, avec une uni­té thé­ma­tique et graphique.

J’a­vais plu­sieurs idées, mais c’est fina­le­ment la pre­mière pho­to qui m’a fait choi­sir : j’al­lais par­tir sur des auto-por­traits illus­trant la vie quo­ti­dienne. Côté gra­phisme, comme je savais que j’u­ti­li­se­rais des équi­pe­ments très dif­fé­rents au fil des tests au bou­lot, j’ai choi­si d’en­trée quelque chose de très trai­té, afin de mas­quer un peu la signa­ture tech­nique des appa­reils : du noir et blanc, beau­coup de contraste et une cer­taine recherche du grain.

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Bien enten­du, j’a­vais quelques idées d’i­mages dès le départ, que j’ai réa­li­sées au fil des jours lorsque je n’a­vais pas eu meilleure ins­pi­ra­tion en cours de jour­née. C’est le cas du blues du lun­di matin, du meilleur jour du mois, qui m’a valu plein de ques­tions au bureau (“mais qui c’est qui l’a prise ?”), de la tonte, que je n’ai fina­le­ment pas conser­vée puisque celle-ci était mieux, de l’es­ca­lier, de la douche ou d’une gee­ke­rie en pas­sant.

Pour d’autres, je sou­hai­tais faire un truc dans le genre, mais sans avoir d’i­dée pré­cise. Par exemple, je vou­lais m’es­sayer au col­lage mul­tiple à la Timo­thep, mais sans savoir ce que je vou­lais faire ni où. C’est fina­le­ment une nuit d’in­som­nie qui m’a déci­dé à trou­ver un truc pour m’oc­cu­per, et je suis assez content du résul­tat pour le mettre en grand :

Contagion
J’aime bien l’as­pect fron­tal du type inqui­si­teur qui se demande se que c’est que ces mateurs dans son entrée, et je trouve que le fait d’être hors de la pro­fon­deur de champ ren­force ce côté “qu’est-ce que vous fou­tez là ?”. Il masque aus­si les autres scènes, qu’il faut du coup prendre le temps de décou­vrir : y’a évi­dem­ment un geek et un type prêt à le poi­gnar­der, y’a un timide plan­qué der­rière la table qui attend de voir si le curieux va se faire mordre, et vous les voyez pas for­cé­ment au pre­mier coup d’œil. Y’en a même un cin­quième, si si, je vous assure.

Acces­soi­re­ment, j’aime aus­si beau­coup ce genre d’exer­cice à la limite de la schi­zo­phré­nie : faire plu­sieurs per­son­nages qui font des choses dif­fé­rentes, cer­tains agis­sant entre eux, d’autres essayant d’at­ti­rer l’at­ten­tion. Ça a un petit air de Cal­vin Rus­sell, quelque part. J’ai d’ailleurs pro­fi­té d’un reflet un peu plus tard pour me détri­pler, mais en une seule pho­to cette fois.

D’autres images ont été plus spon­ta­nées, trou­vées dans l’ins­tant, comme qua­si­ment toutes celles que j’ai faites dans mon envi­ron­ne­ment professionnel.

Nul­le­ment pré­pa­rée non plus, mon face-à-face avec Marine…

Le Pen en face
…dont l’i­dée m’est venue en débal­lant les pro­fes­sions de foi du pre­mier tour. Au départ, je pen­sais juste faire l’i­mage du mec qui chope un lot de médocs avant de lire cette pénible pape­rasse, et puis je me suis aper­çu qu’il fal­lait en tenir une pour qu’on voie de quoi il s’a­gis­sait, et puis j’ai vu le regard fron­tal et agres­sif de Marine et j’ai ins­tinc­ti­ve­ment vou­lu répondre à son agres­sion, et je me suis dit que c’é­tait ça, la bonne pho­to : celle avec une interaction.

J’ai eu d’autres réac­tions avec d’autres can­di­dats, et au final j’ai car­ré­ment fait une série à part sur ce thème :

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Dans l’en­semble, je suis assez satis­fait de la tenue du mois. L’ho­mo­gé­néi­té gra­phique n’est pas par­faite, sur­tout dans les pre­miers jours où j’ai eu du mal à choi­sir la den­si­té que je vou­lais. J’ai beau­coup pro­gres­sé dans l’u­ti­li­sa­tion du filtre “Simu­la­tion de films” de Bibble 5, connais­sant main­te­nant beau­coup mieux quelle asso­cia­tion film / papier / révé­la­tion donne quel résul­tat, et dans celle de la conver­sion noir et blanc, en par­ti­cu­lier de l’é­qui­libre rouge / vert, essen­tiel pour les portraits.

J’ai aus­si beau­coup appris à jouer avec le temps : dix secondes, c’est beau­coup et très peu, et il n’est pas tou­jours facile de faire le bon geste au bon moment. J’en ai par­ti­cu­liè­re­ment chié pour le timing du lâcher des papiers pour le tri sélec­tif, qui m’a deman­dé une tren­taine d’es­sais et n’est encore pas tout à fait satisfaisant.

J’ai, en revanche, une grosse décep­tion : la der­nière pho­to. Je savais laquelle ç’al­lait être, un type en train de régler un appa­reil sur pied pour faire un auto-por­trait. Mais le 30 avril, il y a eu une soi­rée impro­vi­sée au bureau, qui s’est finie… le pre­mier, à deux heures du mat. Le règle­ment étant ce qu’il est, j’ai dû pio­cher dans les pho­tos prises le 30, qui étaient toutes les résul­tats au labo d’un appa­reil en test. Du coup, c’est l’é­chec de la série :

Échec
Enfin bon, il y a quand même 29 pho­tos qui collent au sujet, et l’ob­jec­tif thé­ma­tique et gra­phique est assez bien tenu, ce qui n’é­tait pas gagné au départ. Cer­taines pho­tos sont évi­dem­ment plus mau­vaises que d’autres, mais la série est cohé­rente et j’ai tenu jus­qu’à la veille du bout.

Ça vaut le coup, aus­si, d’al­ler jeter un œil aux pho­tos de mes com­pa­gnons de galère : y’a plein de trucs très bien.

Il faut aus­si saluer par­ti­cu­liè­re­ment Céline, qui a trou­vé le moyen non seule­ment de par­ti­ci­per, mais en plus de ne pas rater un seul jour, alors qu’elle a accou­ché le 9. Si j’en juge par sa pho­to de ce jour-là, on peut dire que sa fille est lit­té­ra­le­ment née sous un appa­reil pho­to… Cha­peau, madame.