Salon de la photo : les prises en mains
|- Beaucoup d’appareils très attendus étaient présentés au salon : les professionnels de la famille 1D Mk III et le D3, les experts α700, 40D et D300, les bridges 18x S8000fd et FZ18, le compact expert G9…
Revue de détails, avec une prise en mains rapide de notre envoyé spécial.
Les compacts
Canon Powershot G9
Il y a deux ans, j’avais pu utiliser un certain temps un G3, modèle emblématique de la lignée G. J’avais été rien moins qu’enthousiasmé : avec sa molette de réglage à l’avant, sa prise en mains absolument excellente, son écran mobile, et ses possibilités intéressantes comme la prise flash TTL, on atteignait un niveau incroyable pour un compact.
Là, j’ai tenu le G9 pendant un moment, et comment dire… J’ai beaucoup moins bien vu la différence avec un série A.
Tout d’abord, la prise en mains a régressé, avec la disparition de la poignée. Ensuite, la molette a été remplacée par une roue codeuse “à la Canon”, au dos du boîtier, ce qui certes dégage un peu l’index, mais qui est à mon avis moins pratique à faire tourner. Surtout qu’ici, elle se retrouve franchement au milieu du pouce, décalée vers la droite par l’accroissement de l’écran.
Puisqu’on en parle, l’écran est désormais fixe, ce qui supprime toute possibilité de cadrage exotique (enfin, on arrive quand même à voir plus ou moins en le tenant loin au-dessus de sa tête, par exemple) : pour les macros, les photos discrètes ou les recoins difficilement accessibles, c’est plutôt gênant.
Au niveau de l’optique, la série G se caractérisait par son excellence, avec des ouvertures de l’ordre de f/2 ; le G9, comme le G7 avant lui, se contente de f/2,8 en “grand angle” et f/… 4,8 en télé ! Le G2 (f/2–2,5) se retourne dans sa tombe !
Et puis, on se posera toujours la question du choix de la plage optique. Ne pas descendre sous 35 mm pouvait se comprendre sur un zoom 3x comme le G2 : on privilégiait le portrait, quitte à perdre un peu pour les paysages. Avec le 4x du G3, c’était un peu plus discutable, mais là ! On monte à 6x, mais on commence toujours à 35 mm !
Non, vraiment, c’est pas sérieux : comment peut-on justifier d’allonger au-delà du portrait, sans pour autant être assez long pour la photo animalière ou pour vraiment aller chercher des détails, plutôt que de permettre de photographier sereinement des paysages, sujet numéro 1 des vacanciers de la planète ?
Au passage, on a aussi vu disparaître l’intervallomètre, fonction certes peu utilisée au quotidien, mais qui peut intéresser bien des amateurs éclairés. Enfin, on s’en tire bien : le G9 retrouve le Raw, qui avait été supprimé du G7 !!! O_o
Sigma DP1
Un an déjà que ce “compact expert” a été annoncé… Un an qu’on a des photos… Qu’on peut mettre les doigts dessus… Et qu’on n’a rien de concret concernant ce truc sans importance, vous savez : la disponibilité publique.
Le DP1 devrait être (s’il sort un jour) le premier compact équipé d’un vrai capteur de reflex. En l’occurrence, le même Foveon qui équipe le SD14 critiqué (qui a dit “démoli” ?) plus bas.
Au Salon de la photo, vous pourrez voir une présentation du Foveon qui vous permettra de mettre vos mains sur un SD14 et un DP1. Sans batterie, ben oui, maintenant que vous le demandez, on n’est même pas sûrs qu’il soit fonctionnel…
Bon, quand on le prend dans la main, la première chose que l’on se dit, c’est : “Il a l’air solide. Heureusement, vu comme il tient bien, il risque de tomber plus souvent qu’à son tour.” Car le DP1, parfaitement lisse, et plutôt du genre glissant.
Le DP1 n’a pas de viseur, chose gênante pour un “expert” (même le G7 n’avait pas fait l’impasse !). Qu’à cela ne tienne : Sigma en fournit un… Mais il faudra choisir : ce sera le fash externe OU le viseur. Quant au flash interne, qui sort de l’angle supérieur gauche comme un diable de sa boîte, son dégagement ridicule promet une sensibilité particulière aux yeux rouges — enfin, à vérifier quand on pourra toucher un boîtier qui marche.
Au premier coup d’œil, vous pouvez aussi être tenté de penser un truc du genre : “tiens, une molette de réglage, sous le pouce, pile au bon endroit”. La déception sera cruelle : cette molette règle le mode rafale. Les réglages sont donc probablement renvoyés aux boutons, comme sur un Canon A620…
Là-dessus, ajoutons une focale fixe à un équivalent 28 mm (pas forcément une mauvaise idée), ouvrant au maximum à… f/4 !, et on aura une idée de la déception qui se prépare chez ceux qui attendaient un vrai compact expert, avec un capteur de reflex et une optique lumineuse…
Les bridges
Fujifilm Finepix S8000fd
Très attendu, il est la tentative Fuji pour se tailler une place au soleil sur le marché des superzooms compacts, face aux SP-550UZ et FZ18.
À la prise en mains, le S8000 est plutôt flatteur : il semble mieux construit (ou moins mal) que ses concurrents et fait moins toc.
Reste que, pour un appareil censé remplacer l’excellentissime S6500fd (par pitié, que ce soit faux !), on est très surpris de voir un capteur 1/2,5″, même pas SuperCCD.
Autant le premier contact est plutôt sympathique, autant les choses se gâtent lorsque l’on essaie de viser et de prendre une photo. Le S8000 est lent, très lent, avec un auto-focus pour le moins lymphatique ; et si l’on met l’œil au viseur… Ouille ouille ouille. On est vraiment très loin de ce qui a pu se faire sur le FZ30, le S9600 ou… le Minolta A2.
Au final, c’est un peu décevant, d’autant que la prise en mains et l’ergonomie restent plutôt bonnes, compte tenu de l’absence de bagues et de molettes bien entendu.
Panasonic DMC-FZ18
Ce bridge très attendu est la réponse de Panasonic à l’Olympus SP-550UZ. Il remplace le FZ8 et, comme lui, fait l’impasse sur tout ce qui pourrait convaincre un amateur éclairé : si les modes manuels sont bien présents, les réglages au joystick sont très vite fastidieux (c’est pas pire que des boutons, mais c’est quand même vraiment pas glop). Niveau zoom, il est motorisé et contrôlé par un poussoir autour du déclencheur, disposition certes idéale, mais qui ne permet en aucune manière un confort de cadrage comparable à une bague mécanique comme sur le FZ50.
Il est également, comme le FZ8, extrêmement compact, et personnellement, je trouve que c’est trop : je sais plus où poser mon auriculaire. Le viseur n’est pas à la hauteur : là encore, ça fait très toc — impression qui, finalement, résume assez bien mon opinion de cet appareil.
Reste que, dans les zooms 18x, il est le seul à gérer correctement la mise au point, rapidement et efficacement, à toutes les focales ; il est globalement assez réactif et, d’après les tests glanés çà et là, il se paie le luxe de très faibles déformations et d’aberrations chromatiques quasiment nulles ; pour qui a vraiment besoin d’un 28–500 à garder dans la poche, c’est donc sans doute le meilleur choix.
Les reflex amateurs
Panasonic DMC-L10
En voilà, un boîtier qu’il était attendu !
Après un L1 très (trop) particulier, basé sur l’étrange E‑330, Panasonic a pris pour base un E‑510, reflex pour sa part dramatiquement classique. Et après une bonne cure de customisation (écran mobile, auto-focus en mode LiveView, deux molettes, changement radical de la disposition des commandes), le L10 devient une sorte de “super-FZ50”.
En habitué des gros bridges Pana (j’ai utilisé pendant un an un FZ30), j’ai été très vite en terrain familier : le L10 reprend tout de l’ergonomie de ses aînés. On retrouve les boutons, molettes, bagues et fonctions du FZ50 et, franchement, un habitué du bridge pourra passer de l’un à l’autre les yeux fermés.
Sauf que, au niveau du viseur, c’est un reflex. Panasonic propose avec cet appareil une loupe pour compenser la petitesse des viseurs Olympus (le format 4/3, moitié plus petit qu’un capteur APS, n’y est pas pour rien) ; une bonne idée pour ceux qui n’ont pas de lunettes, car cela se paie au prix fort en matière de dégagement oculaire. On n’est donc pas au niveau des reflex concurrents (dans cette gamme de prix, on a des D80 ou des K10D dotés de viseurs remarquables), mais là encore, les utilisateurs de bridges seront comblés.
En visée à l’oculaire, donc, on préfère nettement les concurrents — sauf bien sûr les E‑410 et E‑510. En revanche, en visée écran, c’est un bonheur rare.
Autant, sur les D300 et D3, ça fait un peu gadget, avec un écran fixe et une mise au point par contraste pas encore totalement maîtrisée, et donc un peu lente à la détente, autant ici, on sent que l’expérience FZ30/FZ50 a payé. Ces appareils étaient assez nettement les bridges les plus réactifs de leur temps, avec une mise au point en continu capable, par temps clair et sur des sujets contrastés, de concurrencer celle de reflex d’entrée de gamme ; le L10 profite à fond de cette expérience concluante et, franchement, il n’est pas évident que la mise au point en “LiveView” (par contraste) soit moins performante que la mise au point “reflex” (par détection de phase).
Enfin, les propriétaires de bridges sont habitués à des appareils particulièrement discrets, n’ayant pas de miroir à replier ou d’obturateur à lancer ; ils apprécieront là encore la spécialité Olympus : le déclenchement en douceur. Le bruit est, à vue de nez, à peu près moitié moins important que sur un Pentax, et ne dérangera pas outre mesure des gens en train de discuter.
Le principal problème du L10, maintenant, c’est son prix : à près d’une brique avec son 14–50 (équivalent 28–100), pas très lumineux en prime (f/3,5 en grand angle), il est attaqué par un K10D ou un D80 qui en proposent nettement plus à un amateur de reflex. Finalement, c’est donc plutôt chez les “bridgeux” qu’il va chasser, mais à trois fois le prix d’un FZ50…
Notons également le manque d’optiques compatibles : certes, c’est un 4/3, mais il ne dispose pas de stabilisation et ne tirera pleinement profit que des optiques Leica 14–50 et 50–150 (un 14–150 est également annoncé) conçues spécialement pour lui. Là encore, une caractéristique qui ne choquera pas les photographes qui viennent du bridge, mais qui est un sérieux frein à la conquête d’habitués du reflex.
Olympus E‑410/E‑510
Les voilà, les miracles de compacité que tout le monde attendait du système 4/3…
Oups, déception.
Ni l’un ni l’autre ne tiennent vraiment mal en mains (malgré l’absence de poignée sur le E‑410 et sa petitesse sur le E‑510), mais aucun ne tient vraiment bien, pour autant qu’on puisse en juger avec des boîtiers pris dans un coffre-fort de chaînes (plus encore que les autres, Olympus avait attaché soigneusement ses boîtiers à la structure du hall d’exposition).
D’un coté, on se réjouira de l’excellente accessibilité de tous les boutons et commandes… D’un autre, c’est quand même un peu grâce à leur faible nombre qu’on y accède si bien ! Beaucoup de réglages ne sont pas accessibles sans passer par les menus, c’est vraiment dommage. Surtout que sur le même châssis, Panasonic a montré qu’on pouvait vraiment réussir une excellente ergonomie.
Enfin, les viseurs, bien qu’identiques à celui du L10, laissent plus sur sa faim. Peut-être du fait qu’il s’agit ici du seul dispositif de visée (le LiveView sans auto-focus à contraste, franchement, c’est à peu près inutilisable) ? Peut-être parce qu’Olympus ne fournit pas de loupe avec son appareil ? Toujours est-il qu’ils ne font pas bonne impression, mais laissent plutôt le sentiment de regarder au loin dans un trou de serrure.
Bref, des appareils moins bizarres que la série E‑300 (à viseur de Porro), mais pas plus convaincants. En entrée de gamme, au prix d’un K100D ou d’un D40, ça irait ; mais là, au prix auquel ils sont proposés, ça laisse sur sa faim.
Les reflex experts
Sony α700
L’été dernier, Sony avait fait fort avec l’α100, premier boîtier de la marque, issu directement du Dynax 5D de Minolta. Amateur, certes, mais le premier à 10 Mpx, avec la stabilisation et l’ergonomie Minolta en plus.
Reste que, dans les mois qui suivirent, les sorties du D80 et du K10D, utilisant sensiblement le même capteur, mais plus sérieux, mieux construits (le Pentax est même tropicalisé), avec de bien meilleurs viseurs, et dotés de meilleurs algorithmes de traitement d’image, lui avaient un peu fait perdre de sa superbe.
Ceci étant, le but premier de Sony était atteint : faire passer le message aux Minoltistes. Non, on ne vous laisse pas tomber, on n’a pas racheté Minolta par hasard et on veut vraiment bien faire avec leur expérience et leur système. Bref, attendez un peu avec vos Dynax, plutôt que de tout bazarder et de passer à la concurrence.
L’α700, lui, est un vrai Sony — entendez par là qu’il ne reprend pas vite fait un boîtier Minolta. On remarque d’ailleurs au premier contact que l’ergonomie a été modifiée et, dirais-je, logiquisée, avec l’abandon des molettes de réglage sauce Minolta qui pouvaient plaire ou pas. L’α700 est plus classique, moins alambiqué, avec un retour à un système de réglage plus simple et plus sage.
Au premier coup d’œil, ceci dit, on retrouve les angles saillants des Dynax 5D et 7D et, à la prise en mains, on n’est pas vraiment dépaysé, notamment avec le positionnement de la molette avant verticale, en avant du déclencheur. On retrouve également l’ ”eye-start” qui coupe l’écran arrière et active l’auto-focus lorsque l’œil (ou un doigt) passe sur le viseur. Globalement, on pourrait presque parler d’un 7D clarifié.
En mettant l’œil dans le viseur, bonne surprise : on a vraiment bien bossé. Large et clair, c’est beau. Je préfère toujours un Pentax, au verre un peu plus granuleux — on voit un peu mieux ce qui est flou –, mais c’est un très net bond en avant par rapport à l’α100. Quant à la mise au point (testée avec un 500 mm f/8), elle est rapide et précise : là encore, une réussite.
Ajoutons enfin la poignée la plus complète et la mieux foutue du marché — d’accord, c’est aussi la plus moche –, qui reprend à peu près toutes les commandes présentes sur la partie droite du boîtier, et qui aligne votre main sur le viseur au lieu de la renvoyer dans l’angle, et on semble pas loin du sans-faute.
Pas loin seulement, car il reste un ou deux détails perfectibles. D’abord, le sélecteur multidirectionnel, pas très agréable et pas très bien placé — j’ai dû plier le pouce pour y accéder. Ensuite, les boutons du dessus du boîtier (mode d’entraînement, balance des blancs, sensibilité) sont trop hauts pour le pouce et trop en arrière pour l’index : on est obligé de sortir les yeux du viseur pour les utiliser.
Enfin, et ça, c’est vraiment dommage, Sony n’est pas revenu sur la décision la plus discutable de Minolta : la suppression de l’écran de contrôle. Peu gênant sur un boîtier amateur, ce choix est un vrai problème sur un boîtier expert, voire semi-pro : posé sur un pied, il devient très difficile de vérifier les réglages d’un coup d’œil.
Nikon D300
Garg ! Ça y est, je suis amoureux. ^_^
Le D300 est au D200 ce que le D3 est au D2H : une révolution. On reprend grosso modo la disposition des choses (pourquoi changer une formule qui gagne ?), donc il n’y a pas grand-chose à signaler sur le plan ergonomique : même en pinaillant (vous savez comme j’aime ça), tous les boutons, toutes les molettes tombent sous la main quand on en a besoin. Il faut assimiler la logique Nikon (notamment l’absence de molette de modes : le mode est un réglage comme un autre, accessible par le bouton mode au même titre que la sensibilité ou la balance des blancs), mais une fois qu’on s’y est fait, ça roule.
Là où tout change, en revanche, c’est dans le viseur. C’est mieux qu’un K10D, qu’un α700, qu’un 40D, enfin, c’est mieux que tout ce qui n’est pas strictement professionnel.
Accessoirement, avec 6 images par seconde (et 8 avec la poignée, paraît-il, mais je n’ai pas pu essayer), c’est une belle mitrailleuse : on est quasiment (tout à fait avec le grip) au niveau d’un D2Hs, mais avec une résolution trois fois plus élevée !
De là à parier que nombre de reporters risquent de troquer leur D2Hs contre ce D300 plutôt que contre le grand frère D3, il y a quand même un pas, vu ce que le gros apporte en plus ; mais même à près de 2 000 euros, je trouve que ce boîtier donne beaucoup plus que ce à quoi on s’attendait.
Canon EOS 40D
Première bonne nouvelle : après s’être fait copieusement insulter, Canon s’est décidé à faire un vrai bon viseur. Celui du 20D pouvait paraître excellent à coté de celui du 400D, mais il faisait pâle figure comparé à un K10D ou un D80, pourtant théoriquement moins orientés semi-pro.
Ici, on n’est bien sûr pas au niveau d’un D300, mais la comparaison avec l’α700 est tout à fait cohérente ; on est donc au niveau des références du marché d’en dessous et dans la moyenne de la catégorie.
Deuxième bonne nouvelle : après l’annonce avant-hier de l’augmentation des prix chez Nikon, le 40D paraît d’un coup beaucoup mieux armé. Une différence de 200 € était clairement à l’avantage du D300, avec 400 € d’écart, c’est plus logique.
Reste que ce boîtier est toujours très Canon, avec un système de roue codeuse que, personnellement, je n’aime pas, et toujours une batterie de boutons alignés entre le déclencheur et le prisme, quasiment inaccessibles. Idem pour les boutons placés sous l’écran, disposition que j’ai connue sur mon A70 et qui ne me convainquait pas trop : ici, c’est le grand écran qui est en cause et qui a empêché de les placer traditionnellement, à gauche.
Enfin, notons que vue la queue au stand Canon, où un seul 40D était disponible, je n’ai pas trop pu prendre le temps de bien le grattouiller sous tous les angles. Dommage : Sony, avec sa batterie d’α700 sur deux stands, permettait de garder un boîtier deux ou trois minutes pour pouvoir vraiment chercher et savourer.
Les reflex professionnels
Nikon D3
L’anti-EOS 1D Mk III ne fera sans doute pas trop peur aux boîtiers de studio (EOS 1Ds Mk II/Mk III), essentiellement par sa résolution : “seulement” douze méga-pixels, comme un α700 ou un D300. Ceci étant, c’est une révolution par rapport à son prédécesseurs dans les boîtiers reporters : le D2Hs marquait sérieusement le pas avec un… 4 Mpx !
Ceci étant, la révolution, c’est le capteur. Le même, sans doute, que celui du boîtier fantôme de Sony (vous savez, celui dont on a vu une maquette à la Fotokina, à coté de l’α700, et dont on n’a pas de nouvelles depuis ?). Un grand capteur, format 24x36, avec des photosites de 65 µm² — quasiment le double de ceux d’un D300. Et si on accroît le capteur, ça permet pas seulement de gagner en sensibilité (même si 6400 iso en natif, et 25600 en plage étendue, c’est violent), ça permet de aussi de mettre un gros viseur…
C’est la révolution du D3. Quand on met un œil dedans, ça rappelle plein de souvenirs : F6, X700, tous ces boîtiers mythiques qui ont fait l’Histoire du film 135 avec des viseurs permettant d’apprécier le point quasiment au millimètre près…
C’est grand, c’est lumineux, on sait immédiatement quand c’est net et quand ça ne l’est pas… Et même en prévisualisation de la profondeur de champ avec un objectif fermé à f/22, on y voit encore assez clair pour vraiment apprécier ! En un mot, c’est grandiose. Parce que, tout simplement, on avait oublié à quel point ça peut être confortable, un bon et grand viseur.
Coup de bol, j’ai mis mon œil dans le D300 avant. Sinon, j’aurais trouvé que cette pièce exemplaire pour un boîtier semi-pro était petite et mal fichue, tant son grand frère met les pendules à l’heure dans ce domaine. Si on veut pinailler à mort, on dira qu’avec un stigmomètre, ça serait pas dégueu pour les malades de la mise au point manuelle…
Niveau ergonomie, maintenant, le D300 reprend la logique Nikon (pas de molette de modes, barillet des modes rafales notamment), et place tous les boutons pile poil sous le doigt auquel ils serviront, y compris la vérification de la profondeur de champ, juste sous le doigt que personne pense jamais à utiliser : le majeur droit. À première vue surprenante, cette position se révèle bien pratique à l’usage ; c’est un autre bon point que D3 et D300 partagent. Et puis, il y a ces petits détails qui font la différence, comme la molette arrière non plus horizontale, mais légèrement inclinée pour mieux s’aligner sur la position du pouce.
Bref, peu de boîtiers peuvent se vanter de mettre autant tout à portée de la main, et je crois qu’on peut raisonnablement parler de sans-faute ergonomique.
Quant aux performances, tout le monde en a déjà tellement parlé (il bat le 1D Mk III à la course) que je vois pas bien quoi dire de plus…
Canon EOS 1D Mk IIN
J’ai peut-être déjà évoqué discrètement l’ ”organisation” du stand Canon, où un seul exemplaire de chaque boîtier était disponible, nu, avec une queue d’un quart d’heure ? Et bien, il y a une exception : le podium des téléobjectifs, où tous les gros télés série L étaient alignés, avec chacun un EOS 1D Mk IIN (la version précédente, donc) monté dessus.
Donc, alors que je n’ai pu tenir le 1D Mk III qu’une vingtaine de secondes, juste le temps de me dire qu’il était nettement plus léger que la version précédente et qu’il y avait un peu moins de boutons placés bizarrement, j’ai pu profiter du Mk IIN pendant deux ou trois minutes sans jamais être dérangé (pas vrai, Luc ?).
Au programme, donc, une ergonomie Canon (entendez par là : boutons placés n’importe où, et qu’il faut presser par paquets de deux pour accéder à certaines fonctions), un viseur Canon (étroit, surtout que je venais de voir celui du D3), une mitrailleuse à 8 images par seconde, un auto-focus irréprochable en vitesse et en précision (un 300 mm f/2,8 ne laisse pas une grande latitude à ce sujet)…
Je vous aurais bien présenté le Mk III, mais voilà, j’ai pas pu le tenir assez longtemps.
Les reflex mal placés
Fuji S5 Pro
Je pensais que le S5 Pro était un D200 avec un SuperCCD.
C’est faux.
À la main, à l’œil, pas de doute, on retrouve bien ses marques comme sur le précédent semi-pro Nikon.
En revanche, il suffit de lui demander une mise au point pour comprendre pourquoi Fuji dit que c’est un boîtier idéal pour la photo de studio…
Imaginez un D200, au prix d’un D200, mais qui réagit comme un D40 quand on lui demande quelque chose : c’est un peu l’idée. Ce boîtier est terriblement lent pour faire une mise au point, pour prendre une photo (Fuji annonce une rafale à 3 im/s, mais franchement, ça m’a paru moins rapide que mon K10D), pour l’enregistrer…
Certes, il garde un vrai avantage en dynamique (environ 2 EV de mieux que les autres), et il paraît qu’il est plus réactif que ne l’étais le S3 Pro — que je n’ai point connu. Mais franchement, je comprends d’un coup beaucoup mieux pourquoi je n’en ai jamais vu en vrai.
Sigma SD14
Quand on regarde la fiche technique et le boîtier, on se dit que Sigma fait payer très cher le privilège douteux d’un capteur tri-couche.
Quand on le touche, c’est pire.
L’ergonomie est vraiment très bizarre, avec l’unique molette de réglage, autour du déclencheur, qu’on ne sait jamais comment prendre. Le viseur n’est pas terrible — disons, mieux qu’un 400D, mais loin d’un D80 –, l’appareil est perpétuellement lent, il ne propose aucun mode hors des classiques PASM (ce qui devient gênant à l’heure où même un D80 dispose de modes scènes et où un K10D propose une gestion totalement revue de la sensibilité) mais, surtout, on manque d’accès directs aux paramètres. Finalement, c’est un boîtier d’entrée de gamme, avec une ergonomie à la D40 (en moins bien), mais vendu à un prix hallucinant du simple fait qu’il a un capteur Foveon ; or, si un tel capteur (trois couches superposées, sensibles au bleu, au vert et au rouge respectivement, comme dans un film) présentait un avantage certain à son apparition, les algorithmes de dématriçage des capteurs à matrice de Bayer ont énormément progressé, au point que même le moiré coloré devient un problème rarissime.
Du coup, je ne comprends pas bien ce qui peut pousser à acheter cet appareil.
Ah, au fait, dans l’esprit “considérons l’ensemble du système et non seulement le boîtier”, notons en prime que la monture Sigma SA utilisée par le SD14 n’est utilisée par personne hormis Sigma… Du coup, il n’est pas facile de trouver même les objectifs Sigma dans cette monture !
Pentax SDM
Autre truc intéressant de ce salon de la photo, les objectifs Pentax 16–50 et 50–135 SDM.
Enfin, Pentax se met à la motorisation ultrasonique, utilisée depuis déjà plusieurs années par Canon et Nikon avant d’arriver chez Sony, Sigma et Olympus notamment.
Coup de bol, le 16–50 était monté sur une base connue : le K10D. Ayant l’habitude de mon 17–70, j’ai une bonne base de comparaison.
En l’occurrence, la mise au point n’est pas particulièrement meilleure ou plus rapide avec le SDM. Elle est, en revanche, presque parfaitement silencieuse : le vieux bruit de came est remplacé par une espèce de chuintement qui deviendra parfaitement inaudible au moindre murmure. De quoi pouvoir plus facilement faire des photos discrètement, même si parfois le bruit a du bon : pas mal d’animaux, en entendant la mise au point classique, relevaient la tête pour prendre une posture beaucoup plus expressive…
Sur les focales plus longues, même s’il est difficile de comparer un 70–300 Tamron à 160 € à un Pentax 50–135 SDM, la différence de vitesse est beaucoup plus flagrante, et le silence est toujours là.
Ajoutons que les Pentax SDM sont protégés de la pluie et des poussières, et on est sûr que l’idée est bonne.
Reste à voir la qualité optique : certains bruits de couloir chez les testeurs ne sont pas très enthousiastes…