Canon EOS 300D
|Les fins de série sont souvent intéressantes. C’est comme ça que mon paternel a trouvé un EOS 300D en kit avec le 18–55 habituel et un 75–300 rigoureusement inconnu mais pas trop mauvais, le tout à moins d’une brique.Du coup, le X300 s’est retrouvé sur eBay avant d’avoir eu le temps de comprendre…
Que dire du 300D ? C’est certes un reflex d’entrée de gamme, qui est un peu dépassé aujourd’hui (que ce soit par son petit frère 350D ou par des produits comparables de chez Nikon par exemple), mais s’il faisait de bonnes photos il y a deux ans, il n’y a pas de raison qu’elles soient mauvaises aujourd’hui !
De fait, le boîtier n’est vraiment pas mal. L’auto-focus hésite un peu de temps à autres, mais il suffit de le bloquer sur un collimateur (au hasard, le centre) pour qu’il retrouve un peu de sa superbe. L’ergonomie générale n’est pas mauvaise, même si je ne suis pas du tout convaincu par le fait de n’avoir qu’une molette pour régler ouverture et vitesse (il faut appuyer sur un bouton tout en manipulant la molette pour régler l’ouverture). Du coup, impossible de changer les deux simultanément pour passer rapidement d’un couple ouverture/vitesse à un autre.
La détection de la température de lumière est aussi parfois hésitante, surtout en intérieur avec un éclairage artificiel. Mais bon, ça se règle très vite avec le bouton qui va bien, donc ça n’est pas vraiment un problème pour qui a lu le mode d’emploi.
Un truc qui énerve un peu, par contre, c’est la qualité du 18–55 d’origine. Pour avoir ça, autant acheter un boîtier nu et demander gentiment à Sigma, ça ne coûtera pas des masses plus cher et on aura une qualité nettement supérieure.
Pour la photo animalière (passe-temps favori dans la famille), on apprécie particulièrement le petit capteur (23 mm), qui multiplie la focale équivalente par 1,6 par rapport à un 24x36. Du coup, le 300 devient un 480 qui permet de faire des gros plans de petits oiseaux sans trop s’approcher. Et avec un doubleur de focale, on leur fait des fonds de l’œil à trois mètres (j’exagère, mais pas tant que ça, regardez donc ici).
Attention par contre, le doubleur augmente considérablement le bruit chromatique, qui devient visible dès 400 iso, et, plus gênant, l’auto-focus ne veut pas entendre parler de lui. Oh, je ne veux pas dire qu’il ne marche plus ; juste qu’il cherche, cherche et cherche encore avant de verrouiller enfin après le décollage de l’oiseau. Donc, mise au point manuelle obligatoire et là … Crise de nerfs assurée.
Un petit capteur implique un petit viseur. C’est con, mais c’est logique et pas très grave. Là où ça devient vraiment gênant, c’est que ce viseur miniature, ce qui déjà n’aide pas à la mise au point, ne comporte qu’un dépoli uniforme. Bien sûr, le collimateur AF clignote quand il estime que le point est bon pour lui (une aide précieuse en manuel), mais comme je vous l’ai dit, faut pas trop faire confiance à l’auto-focus avec un doubleur. Donc, vous qui aviez l’habitude de vous débrouiller sans auto-focus mais avec un stigmomètre sur un X300 (ou un OM‑1 ou un AE‑1, pourquoi je parle toujours de Minolta ?), il va vous falloir apprendre à ne rien avoir pour peaufiner votre mise au point.
Le réflexe logique, dès lors, est de fermer un peu le diaph’ pour augmenter la profondeur de champ (soit dit en passant, le bouton de vérification de la profondeur est très bien accessible par le pouce gauche) et, statistiquement, les chances que le sujet soit au point. Mais ce n’est qu’un pis-aller et des éléments parasites de l’arrière risquent eux aussi de devenir visibles, sans parler de l’augmentation de sensibilité que cela impose (avec les oiseaux, vous ne touchez jamais au temps de pause, sinon ils s’envolent avant que le rideau ait fini de passer). Quand on peut rester à 400 iso, ça va encore, mais à 800 le bruit devient très visible.
L’autre point un peu gênant du 300D, c’est le tampon mémoire un peu juste. Vous ne pourrez faire que quatre photos par rafale, ce qui est un peu juste en sport par exemple. De plus, le transfert est relativement lent, même avec une carte rapide, ce qui rend l’utilisation du Raw un peu délicate si vous voulez prendre plusieurs photos rapidement.
Bon, je critique, je critique, mais il y a quand même des points positifs. Le premier, évidemment, c’est le prix : à l’époque où il est sorti, le 300D était tout simplement le reflex numérique le plus abordable. Il a lancé le reflex numérique amateur et restera dans l’histoire à ce titre. Mais la qualité d’image, une fois bazardé le 18–55 d’origine, est également tout à fait correcte, avec un bruit très bien maîtrisé jusqu’à 400 iso (j’en rêve à chaque fois que je me prends le chou avec NoiseWare pour retoucher les brouillons de mon FZ30).
On appréciera également l’ergonomie générale, qui n’a quasiment pas été retouchée sur le 350D (signe qu’elle plaisait à la plupart des utilisateurs). Les boutons sont bien placés, les réglages les plus courants se font avec un bouton et la molette sans avoir à passer par les menus (Panasonic, vous m’entendez ?) et donc, avec un peu d’habitude, sans décoller l’œil du viseur.
Pour finir, je dirais quand même que ce n’est pas un mauvais appareil. Si l’on excepte ce viseur sans aucun dispositif de mise au point, il est agréable à utiliser, fidèle dans les couleurs et suffisamment réactif.
J’ai aussi mis mes doigts une fois sur un EOS 350D (merci infiniment à mon prof de «Web et multimédia»). Pas de remarques sur la qualité d’image, on était en intérieur et j’ai pas pu l’utiliser très longtemps. J’ai cependant énormément apprécié un point fondamental : le tampon qui est monté à douze images. Ça permet de faire une belle rafale, quitte à virer a posteriori dix ou onze images. L’auto-focus est aussi nettement plus réactif que sur le 300D, surtout dans une rafale ; il arrive à se recaler très correctement d’une image à l’autre, ce qui n’était pas vraiment le cas sur le précédent modèle.
En revanche, il y a eu deux retouches ergonomiques que je n’ai pas vraiment appréciées. Tout d’abord, la poignée est devenue moins haute, ce qui laissait mon auriculaire dans le vide à moins de le tasser avec les autres ; baisse en confort donc, même si ceux qui ont des petites mains auront sans doute apprécié le changement. Ensuite, le bouton qui permet de régler l’ouverture en mode manuel a été déplacé. C’est vrai qu’il n’était pas parfaitement placé sur le 300D, mais là, il a été renvoyé au milieu du dos, ce qui oblige le pouce à lâcher complètement la cale pour aller farfouiller sur l’appareil, tout en gênant la paumette de ceux qui visent de l’œil gauche — comme moi, par exemple.