Sony α99 II : no alarms and no surprises
|J’ai un peu menti tout à l’heure : il y a un grand constructeur dont on ne connaissait pas les annonces, et qui aurait pu présenter quelque chose de surprenant. Mais vous savez quoi ? Même si j’avais noté l’absence de Sony dans les rumeurs récentes, je n’aurais pas misé à cent contre un sur une annonce surprenante.
Si on m’avait dit : “ils vont présenter un truc, devine quoi”, j’aurais répondu : “boaf, un Alpha 99 mis à jour, avec l’autofocus du 77 II et le capteur du 7R II”.
Je dis pas ça pour me jeter des fleurs : je suis pas un meilleur oracle que qui que ce soit. Je dis ça pour exprimer à quel point leur annonce était prévisible et évidente — en partant du postulat que Sony n’allait pas arrêter la monture A, je veux dire.
Mise à jour
Donc, l’α99 II ressemble beaucoup à l’α99. Il est un poil plus petit, mais les distinguer demandera de retenir la forme plus carrée du capot supérieur, de noter le taquet en plus sur la molette silencieuse (qui permet d’activer un système de cliquet au besoin), ou de compter les caoutchoucs de la connectique.
C’est pas un reproche : l’ergonomie des Alpha 77, 99 et 77 II était plutôt réussie et cette cohérence ne saurait être un handicap.
À l’intérieur, il y a plus de changements — encore heureux, en quatre ans !
Le capteur est le désormais célèbre BSI Cmos de l’α7R II, une tuerie, mais évidemment incontournable sur le nouveau porte-drapeau de la gamme. Le processeur est évidemment mis à jour, il offre évidemment la vidéo 4K UHD et donne le choix entre un mode mis à l’échelle et un mode Super 35 sans ré-échantillonnage. Il y a également un mode vidéo à vitesse variable, mais ça n’est pas totalement une nouveauté.
Le module autofocus, avec ses 77 points et sa couverture concentrée, rappelle furieusement celui de l’α77 II… et de l’α68, du coup. Il travaille de conserve avec le système de corrélation de phase intégré au capteur d’image : celui-là a surtout des capteurs horizontaux, celui-ci n’a que des verticaux, et leur complémentarité permet d’avoir une bonne détection, une bonne sensibilité (Sony annonce ‑4 IL) et un large champ de fonctionnement. Mais, devinez quoi ? C’est pas totalement nouveau, et on aurait surtout été déçu que Sony n’y recoure pas.
Le capteur est bien entendu stabilisé sur cinq axes, mais c’était nouveau sur le Dynax 5D, pas sur l’α99 II. Il adopte une connexion Wi-Fi, les applications PlayMemories, mais là encore c’est leur absence qui aurait été surprenante. Il ajoute une connexion Bluetooth mais c’est dans l’air du temps.
En fait, la seule surprise est le mode rafale à 12 im/s (8 im/s avec visée), qui fait de l’α99 II le “full frame” haute définition le plus rapide du moment, loin devant les α7R II et EOS 5DS. Pour le reste, l’α99 II fait la synthèse de ce que la marque sait faire, intègre ce qu’on attend, et c’est tout.
Excellente déception
“L’EOS M5 est le meilleur hybride que Canon ait jamais fait, et une grosse déception”, disait Barney Britton sur DP Review hier. Ce titre un peu provoc va comme un gant à l’α99 II.
Je n’ai aucun doute sur le fait que ce sera un excellent boîtier, qui fera tout ce qu’on pourra lui demander et le fera très bien. Je suis le premier à dire que c’est une énorme amélioration face au 99, qui était déjà une révolution face au 900.
Mais il est 100 % prévisible, 100 % pas excitant. C’est tout bête, mais rien qu’un viseur de plus haute définition, comme chez Leica, aurait été apprécié — cette dalle Oled de 2,36 Mpt était déjà là sur l’α77 il y a cinq ans, et l’oculaire plus grossissant ne fait pas tout.
Oublis coupables
Du coup, on voit vachement bien deux faiblesses franchement lassantes en 2016.
Pas. d’écran. tactile.
Pas. de. flash.
Même Canon et Nikon, qui n’ont clairement pas été à la pointe du progrès sur leurs reflex haut de gamme, ont compris qu’un écran tactile est utile. Ça permet de sélectionner la zone de mise au point, c’est même indispensable en vidéo pour faire une transition d’un plan à l’autre silencieusement sans désactiver l’autofocus. C’est pratique pour naviguer dans les images, et si les menus sont bien faits, ça permet de faire certains réglages confortablement.
Quant au flash intégré, outre qu’il peut toujours déboucher un contre-jour à faible distance, ben… je suis désolé, mais dès qu’on veut utiliser un flash externe un peu avancé sans se prendre le chou, sans faire des gros fromages tout plats, et sans s’encombrer d’un flash maître en plus, le flash intégré est LE pilote de base.
Ce sont deux trucs à quelques euros, qui ne servent pas tout le temps mais qui sont extrêmement utiles le jour où ils servent, que Sony persiste à ne pas intégrer sur son vaisseau amiral — alors que certains modèles d’entrée de gamme y ont goûté.
Quelques euros ? Oui, parce qu’apparemment, l’α99 II sera vendu 3200 $ américains ou 3600 €. Les tarifs en dollars sont généralement des prix hors taxes, mais même en rajoutant la TVA le tarif européen reste difficile à avaler. L’α99 II est donc une mise à jour excellente, une mise à jour décevante, et une mise à jour coûteuse.