AfterShot Pro 3 : un test, un échec
|AfterShot Pro vient de passer en version 3. Pour les utilisateurs de la version 2, ça veut dire qu’il faut repasser à la caisse (70 € pour la mise à jour, contre 90 € pour un premier achat), mais ça apporte aussi un certain nombre d’améliorations. Parmi celles-ci, deux m’intéressent particulièrement : l’ajout de filigranes (un vrai manque des précédentes moutures, en particulier quand on veut publier des photos sans se les faire piquer) et une amélioration de la récupération des hautes lumières.
Ni une ni deux, je télécharge la version d’essai, qui peut tout à fait s’installer aux côtés de la v2 et donc permettre aisément les comparaisons.
Premier lancement, première surprise : c’est en anglais. Bon, je vais filer dans les paramètres et…
Ah, d’accord. Curieusement, ils n’ont pas mis dans la comparaison des fonctions : “langues disponibles : ASP3 : 3, ASP2 : 6”. Italien, néerlandais et français ont sauté.
Petit rappel : Corel est canadien. Corel est installé à Ottawa, plus précisément, qui est en Ontario, à deux pas de la frontière québecoise, où le français est langue officielle. D’après Wikipédia, à Ottawa même, 32 % des habitants déclarent avoir le français comme langue maternelle. Les Texans de Bibble Labs avaient trouvé le moyen de traduire Bibble en français, mais les Ontariens de Corel n’ont pas réussi ?!!!
Le comble, c’est que quand on lance AfterShot Pro 2, on a un panneau qui dit que la v3 est sortie, entièrement en français ! Il y a des jours où on a l’impression que Corel se fout vraiment de la gueule du monde.
Récupération des hautes lumières
Je l’ai dit, parmi les améliorations annoncées, il y a la récupération des hautes lumières. Bibble 5 était assez médiocre dans ce domaine, avec des bordures colorées très rapidement visibles dans les zones où un seul canal saturait. Après le rachat par Corel, AfterShot Pro avait largement amélioré les choses, je ne sais plus à quelle version exactement, et les problèmes de franges colorées étaient de l’histoire ancienne ; cependant, il gardait une tendance à créer des inversions de contraste lorsque le curseur était poussé un peu loin, et il fallait rester très prudent en traitant les photos surexposées.
Cette photo de la prise d’air d’un Super Hornet a été exposée pour révéler la soufflante du réacteur. Du coup, par défaut (haut), l’extérieur est surexposé et l’apex (l’extension de l’aile vers l’avant au-dessus du réacteur) est totalement “brûlé”. Sous AfterShot Pro 2.4, avec la récupération des hautes lumières à 31 (milieu), l’apex devient proprement dessiné et on récupère des détails sur la surface de l’appareil, notamment sur le fuselage et l’extérieur de la prise d’air. Mais en la poussant plus loin (en bas), certaines zones repartent brutalement vers le blanc, à l’encontre du but recherché.
C’est donc un domaine où ASP3 est attendu : s’il est capable de récupérer les hautes lumières sans créer ces artefacts bizarres, ça va être une vraie amélioration pour tous ceux qui photographient des scènes contrastées (et ça ne se limite pas aux tarés qui shootent des avions à contre-jour). Donc, testons, mes enfants !
Espoirs et déceptions
À l’ouverture, les zones brûlées sont très légèrement plus étendues que sous ASP2 : apparemment, la courbe des hautes lumières est un peu plus brutale sur la nouvelle mouture. Pas vraiment un problème en soi, si on utilise les Raw c’est de toute façon pour pouvoir les travailler, non ?
Avec la récupération des hautes lumières sur 31, on voit que l’effet est beaucoup moins marqué que sous ASP 2 : on n’a pas encore tout à fait récupéré l’apex et le fuselage reste totalement cramé. On va donc pousser plus loin…
Il faut maintenant monter à 61 pour récupérer l’apex, mais le fuselage est encore loin d’avoir retrouvé ses détails. Et déjà, j’ai une très mauvaise nouvelle à vous annoncer : la bordure de la zone cramée vire légèrement au vert. C’est discret, mais ça n’était pas le cas sur la version 2.
On peut continuer à pousser le curseur à la recherche des détails dans la tôle — on sait qu’ils sont là, la v2 les récupérait — et on finit par obtenir ça : les zones totalement brûlées virent au magenta, les zones où certains canaux ont saturé avant les autres prennent d’autres couleurs, et à aucun moment on ne récupère les détails qu’on visait.
Vous me direz que cette photo est particulière et que la récupération de ses hautes lumières est un défi spécifique. Certes, mais c’est justement dans ces cas-là qu’on a besoin d’un bon algorithme de gestion des hautes lumières.
On peut comparer avec les quatre algorithmes de récupération des hautes lumières proposés par RawTherapee. Chacun jouant différemment sur l’exposition, j’ai à chaque fois utilisé les curseurs d’exposition et de noir pour caler les limites de l’histogramme, sans chercher à optimiser le résultat en fonction de mes goûts. Sur les quatre, un seul crée des bordures verdâtres et rosâtres : le “Blend” tout simple. Aucun des autres ne pose ce problème et, au passage, je suis extrêmement impressionné par “propagation de la couleur”, qui retrouve la couleur du ciel et fait ressortir des détails du train d’atterrissage que je n’avais jamais vus sur cette photo — et confirme en passant que le Cmos du Sony α850 en avait sous le pied en matière de dynamique et que son traitement Jpeg était vraiment… perfectible, voilà, disons “perfectible”.
En tout état de cause, tout “améliorée” qu’elle soit, la récupération des hautes lumières d’AfterShot 3 réintroduit des problèmes de Bibble qui avaient été corrigés, et n’arrive pas à la cheville de trois algorithmes disponibles dans des produits gratuits. Je vais donc rester sous ASP2 — j’économiserai 70 €, j’aurai un logiciel en français et mes images seront meilleures, au moins celles où la gestion du contraste est un peu délicate.