Panasonic Lumix DMC-FZ30
|Mon appareil du moment. Qu’il est à moi et que si quelqu’un veut me le piquer comme il a fait avec mon A70, qu’il y vienne, je l’attends !
On a beaucoup jasé, fin 2005, avec la sortie coup sur coup de trois appareils particulièrement remarquables : Fujifilm S9500, Panasonic FZ30 et Samsung Pro 815. Trois appareils qui mimaient l’ergonomie et les fonctions d’un reflex comme personne ne l’avait fait (à l’exception notable des excellents Minolta A1, A2 et A200), avec bagues de zoom et de mise au point sur l’objectif, molettes de réglages etc…
N’ayant jamais vraiment testé les concurrents, je me bornerai à parler du mien : le FZ30.
Le gros point très fort du FZ30, c’est le gros machin en verre devant. Seul des trois à proposer une optique stabilisée, le FZ30 ne fait certes pas aussi fort que le Pro 815 en termes d’amplitude de zoom, mais il propose une optique de qualité, une très bonne ouverture (f/2,8 en grand angle, f/3,7 en télé) qui n’est dépassée que par son petit cousin FZ20 (f//2,8 constant), une distortion très bien maîtrisée… Et le tout dans un corps de longueur fixe (seuls les éléments internes bougent), solidement emballé avec un pas de vis standard (diamètre 55 mm) au bout. La bague de commande du zoom est à la fois suffisamment souple pour permettre un réglage rapide et résistante pour ne pas la faire tourner par accident, au contraire de la bague de mise au point (électronique, elle) qui tourne un peu trop facilement. Sur le coté de l’objectif, comme sur tout bon reflex (je rappelle que le FZ30 n’est PAS un reflex, mais fait très bien semblant), le choix de la mise au point automatique, macro ou manuelle, et le bouton de pré-mise au point. A main droite, deux molettes de réglage, une sous le pouce et une sous le majeur (certains disent qu’elle est trop bas pour l’index ; je suis convaincu que c’est parce qu’elle n’est pas faite pour lui !), bien placées, et quelques boutons pour les réglages les plus courants (correction d’exposition, puissance flash, retardateur…).
Au niveau ergonomique, donc, peu à redire, sauf à vouloir pinailler. On dirait alors que le bouton de verrouillage d’exposition est mal placé, trop haut, et difficile à trouver avec le pouce (mais tout le monde ne s’appelle pas Minolta). On dirait aussi que la molette arrière est difficile à manipuler lorsque l’appareil est positionné verticalement. On dirait enfin qu’on aurait aimé que les molettes permettent de faire les réglages accessibles par une touche, comme la correction d’exposition, au lieu de revenir aux boutons. Bref, rien de grave. Rien à dire non plus de la fonction loupe d’aide à la mise au point manuelle, précise et efficace, tout en laissant assez de place autour pour voir son cadrage. Ça ne vaudra bien sûr jamais une visée sur verre dépoli, surtout avec un stigmomètre, mais c’est un pis-aller plus qu’acceptable.
En revanche, en mise au point manuelle, il y a un truc que j’ai été choqué de ne pas trouver : il n’y a pas d’indication de la distance. J’avais pris l’habitude, que ce fût avec un X300 dont les objectifs étaient gradués en mètres ou avec un minuscule A70 qui l’indiquait sur l’écran arrière, d’estimer la distance de mise au point, soit pour shooter au jugé, soit pour avoir une pré-mise au point à affiner après. Impossible ici : seule la visée vous permettra d’estimer la mise au point. Rien de très grave, donc, mais dommage.
On s’acharnera plus sur le machin que Panasonic a jugé bon de coller derrière le gros truc en verre. Autrement dit, je suis un peu fâché avec ce capteur.
Pas de soucis à 80 ou 100 iso. Mais dès 200 iso, le bruit est élevé, à peine mieux géré que sur le A70 pourtant deux ans plus vieux et dont les successeurs sont vendus quatre fois moins cher que le FZ30. À 400 iso, le Pana tente de vous provoquer des envies de meurtre — et il y arrive plutôt bien. Rien de dramatique pour ceux qui peuvent se payer un logiciel comme Noise Ninja, excellent correcteur de bruit qui permet d’obtenir des images tout à fait correctes ; mais pour ma part, à la place de Panasonic, plutôt que de me faire pourrir à coup sûr avec un capteur pas à la hauteur de l’optique, j’aurais au minimum fourni NoiseWare Pro avec l’appareil (ah, oui, le CD fourni : rien à voir, passez votre chemin. Les utilisateurs de Windows 98 apprécieront d’avoir des drivers, les autres n’ouvriront même pas l’enveloppe. Et pour le traitement des fichiers RAW, le plug-in UFRaw pour GIMP, gratuit, vous fera ça au moins aussi bien que leur logiciel.)
C’est d’autant plus dommage que, comme on l’a dit plus haut, l’optique est excellente. Le rendu des couleurs est plutôt bon, avec quasiment pas d’aberration chromatique. Les détails les plus fins sont capturés sans soucis, et seul le bruit est un vrai problème. Bien sûr, la stabilisation optique efficace vous permettra de gagner une EV sur la vitesse de déclenchement, mais on aurait vraiment aimé avoir du propre au moins à 200 iso. S’il y a un domaine où le FZ30 est paumé (comme d’ailleurs le FZ20), c’est celui-là.
Fâcherie aussi avec le mode macro. Sur un Minolta A2, par exemple, on peut utiliser le mode macro en télé. Ici, ce n’est qu’en grand-angle que vous pourrez vous approcher de votre sujet. À 88 mm (équivalent 420 en 8 Mpix), vous ne pourrez pas descendre à moins de deux mètres. Heureusement, le pas de vis standard permet de rajouter des bagues d’approche ; avec une bague de 2 dioptries, par exemple, vous descendrez à une cinquantaine de centimètres, ce qui est bien plus agréable. Mais si l’on commence à se balader avec des compléments optiques dans la poche, c’est pas la peine d’acheter un appareil comme ça ; autant tabler directement sur un reflex.
Et pour finir en beauté, j’ajouterai deux petits machins géniaux.
Tout d’abord, l’écran qui bouge. Pas autant que sur un Canon, certes, mais il bouge. Là où mon père, avec son EOS 300D, se couche dans la boue pour se mettre à hauteur du bourdon qui butine, je n’ai qu’à sortir mon écran et me placer au-dessus de l’appareil, et viser tranquillement comme on le faisait sur les vieux reflex double objectif à visée verticale. De quoi vous éviter les sempiternels sujets près du sol complètement écrasés par la perspective, et en économisant vos lombaires.
Ensuite, la réduction de résolution se fait non par interpolation, mais par recadrage. Résultat : votre focale équivalente augmente. De 420 mm en 8 Mpix, elle monte jusqu’à 667 mm à 3 Mpix. Personnellement, j’ai réglé sur un tranquille 5 Mpix qui me permet de compter sur un 35–540 mm.
À l’automne dernier, les «bridge» se sont sérieusement rapprochés des reflex. En prix, certes, mais aussi en ergonomie, en confort et en qualité. Reste comme point noir la sensibilité des petits capteurs, question particulièrement pressante sur le FZ30, par ailleurs tout à fait remarquable. Je ne regrette pas mon achat (d’autant que si j’avais dû me payer un reflex, j’aurais sans doute opté pour un Minolta 5D, marque aujourd’hui disparue et dont la maintenance, malgré les promesses de Sony, reste douteuse), loin s’en faut. Mais il reste un ou deux détails perfectibles.