Pola Pola : bof
|Vous l’avez peut-être remarqué, il m’arrive de photographier des avions. Les avions sont des machins métalliques, qui renvoient beaucoup la lumière. Du coup, on a souvent des reflets plus ou moins gênants quand on les photographie.
Contrôler les reflets, c’est la raison d’être d’un filtre polarisant : la lumière reflétée, en particulier par une surface métallique ou aquatique, a une polarisation très uniforme qui la rend aisée à éliminer. Je fais partie des photographes qui se passent de polarisant, pas parce que je n’en aurais pas l’utilité, mais parce que ça coûte cher : en 95 mm (diamètre de mon objectif de base pour les meetings, le Sigma 50–500 mm), un polarisant circulaire ne se trouve guère sous les 200 €.
Sauf…
Sauf le filtre Polaroid, qu’on trouve pour une vingtaine d’euros. Une ristourne de 90 % par rapport à la concurrence, ça attire forcément l’attention.
N’ayant pas grand-chose à perdre, j’ai commandé.
Vérification à 50 mm, avec une série d’extraits à 100 % de ce qu’on voit de mon balcon : le filtre fonctionne bien. Les reflets sur les poignées de la balançoire sont presque totalement éliminés pour un certain angle, et restent parfaitement visibles à 90° de cet angle.
L’autofocus fonctionne normalement et le piqué ne pâtit pas (comparez avec la version sans filtre, à gauche) : tout semble bien.
À 93 mm (désolé, j’ai raté le 100 mm), on commence à noter une petite baisse de micro-contraste lorsque le filtre est en place. L’effet polarisant est toujours visible : notez par exemple la variation de couleur du sable — quand il est bleuté, c’est qu’on y voit la couleur du ciel, quand il est bien jaune, c’est sa couleur à lui !
À 200 mm, ça se précise : il y a un léger flou, qui évolue selon l’orientation du filtre. Au premier coup d’œil, on dirait un flou de bougé ; mais l’appareil est sur pied, avec retardateur, et surtout c’est systématique sur des séries d’images.
Aux plus longues focales (ici 400 mm), c’est encore plus manifeste et, disons le mot, inutilisable. L’image est floue même dans le viseur ou à l’écran — j’ai testé en visée reflex et en Live view, des fois que ça soit seulement un problème d’autofocus, mais non.
Je ne suis pas certain de l’explication (l’allure du flou ne ressemble pas à ceux dont j’ai l’habitude), mais on dirait bien que la résolution optique de ce filtre est très limitée. Aux faibles agrandissements, ça passe inaperçu, mais avec une très longue focale le moindre petit flou devient évident.
En tout cas, une chose est sûre : ce filtre est reparti sans attendre la Ferté-Alais. Le jour où je serai riche, j’essaierai un B+W ou un Hoya et on verra si c’est mieux.