Si tu veux un Lytro…
|Ne tournons pas autour du pot : B&H Photo Video propose le Lytro Illum à 380 $. Si vous faites partie des pervers que cet appareil intéresse, c’est le moment de faire chauffer votre carte bleue.
Certes, il y a peu de chances que ça soit le cas : cet article s’adresse aux 1 % qui ont une case en moins suffisante pour apprécier ce truc. L’Illum est peut-être l’appareil le plus attachiant que j’aie eu le loisir de tester (et j’en ai testés quelques-uns). C’est en tout cas une des rares “révolutions” annoncées récemment pour lesquelles le terme n’était pas galvaudé : il modifie la façon même de concevoir et de composer une photo.
Pour rappel, il s’agit d’un appareil plénoptique, c’est-à-dire qu’il enregistre non seulement le point d’arrivée, mais aussi la direction des rayons lumineux qui pénètrent son objectif. Il est donc possible de reconstituer en trois dimensions l’origine des rayons, de les projeter sur un capteur virtuel à la position (mise au point) et à l’inclinaison (bascule) que l’on veut, de modifier la profondeur de champ à volonté et même de l’étendre en conservant l’arrière-plan d’une très grande ouverture, et tout cela indépendamment de la luminosité de l’image.
Autrement dit, là où, avec un appareil classique, votre première inquiétude est “l’image est-elle nette ?” et votre deuxième “la profondeur de champ est-elle suffisante, sans trop faire perdre de lumière ?”, avec l’Illum, ces deux paramètres se règlent tranquillement sur l’ordinateur, aussi aisément que la balance des blancs !
L’Illum a également une interface très originale, avec un grand écran tactile et peu de réglages directs, il n’a pas de retard à la prise de vue (rappel : la mise au point se fait après) mais est parfois un peu lent à la lecture, sa gestion de la sensibilité est catastrophique, sa plage dynamique est médiocre et le passage par le logiciel Lytro Desktop est obligatoire — celui-ci ayant des possibilités stupéfiantes, mais aussi une capacité rare à faire passer les paresseux de Zootopie pour des exemples de réactivité.
Mais il redéfinit complètement le champ des possibles en photographie, il incite les débutants (et les autres) à penser à composer en profondeur pour profiter de ses possibilités, il excelle en portrait (à condition d’avoir plein de lumière) et en macro (quand le sujet n’est pas dans l’ombre de l’objectif), et il permet de faire des images interactives (ci-dessus : cliquez pour refaire le point, déplacez pour changer le point de vue).
L’Illum a été lancé à 1500 $. Il est maintenant à 380 $, et j’ai peine à croire qu’il baisse encore. Le souci, c’est que B&H Photo Video ne livre pas en France : il vous faudra un cousin américain (ou andorran, ou irlandais, enfin, je vous laisse chercher quels pays sont desservis et à quel prix — je vous déconseille le cousin kirghiz, la livraison coûte 140 $) pour en profiter.