Yi M1 : la vraie nouveauté de la Kina
|Cette semaine, c’était la Photokina, le grand salon de la photo biennal européen. Comme prévu, il n’y a pas eu de grande annonce surprise. Oui, mais il y a bien eu une vraie surprise quand même — simplement, c’était une petite annonce : le Yi M1.
Le M1 est un appareil Micro 4/3. Rien que ça, ça doit vous faire lever un sourcil : si le µ4/3, lancé par Panasonic et Olympus en 2008, est un standard relativement ouvert que plein de constructeurs vidéo ont rejoint, du côté des appareils photo, hormis les gammes des deux fondateurs, on ne trouve guère que le JK Imaging Kodak S‑1.
C’est donc un petit événement que de voir un nouvel acteur les rejoindre. C’est Yi, filiale de Xiaomi, qui devient le quatrième fabricant d’appareil photo µ4/3.
Vu de face, son produit rappelle un peu feu les Samsung NX : un bloc uni, arrondi à chaque bord, avec une petite barre verticale pour faciliter la prise en main et des commandes (molettes de mode et de réglage, déclencheurs photo et vidéo) noyées dans la face supérieure. Pas très sexy, mais sobre et efficace.
Interface originale
Vu de dos… Hum, là c’est autre chose. La face arrière n’a que deux boutons. Tout le reste, c’est sur le grand écran tactile que ça se trouve. Bonne ou mauvaise idée ? Entre fans des accès directs et habitués des menus de smartphone, chacun aura son point de vue. Une chose est sûre : c’est enfin une offre un peu différente du sempiternel “trèfle-quatre boutons-roue codeuse” utilisé quasi-systématiquement sur les appareils avancés.
Le dernier que j’ai vu faire ce choix osé s’appelait Leica T ; je fais partie des rares à l’avoir défendu et je reste convaincu qu’avec une clientèle moins conservatrice que les Leicaïstes, il aurait pu être beaucoup plus apprécié. D’après les captures publiées par DP Review, l’interface du M1 reprend des recettes assez similaires, ce qui est une bonne nouvelle de mon point de vue.
Au passage, le produit a une autre façon de rappeler la marque allemande : M1 est le nom d’un Leica low-cost sorti en 1959. Quand Olympus, à la Kina de 1972, avait présenté son propre M‑1, Leica avait menacé de poursuites, ce qui avait obligé le constructeur japonais à renommer son reflex pour en faire le célébrissime OM‑1. D’ici à ce que le Yi devienne le YM1 chez nous, j’attends de voir.
Technique plus ordinaire
Les entrailles du Yi M1 sont bien connues : le capteur est un Sony 20 Mpxl que l’on a déjà vu au moins chez Olympus, l’appareil peut filmer en 4K UHD à 30 im/s ou en HD 1080p à 60 im/s, une connexion Bluetooth LE et WiFi permet d’échanger avec un smartphone… Bref, c’est moderne, dans l’air du temps, mais rien de révolutionnaire.
Dans cette rubrique, je noterai tout de même que la carte mémoire est installée sur la tranche, ce qui permettra d’y accéder confortablement lorsque l’appareil est sur pied. Autre bon point : le format Raw retenu est le tout bête DNG, que tous les logiciels normaux savent gérer. Hallelujah, prenez-en de la graine, les autres !
Les objectifs présentés sont un peu plus inhabituels : d’abord, il y a un 12–40 mm f/3,5–5,6 — soit la plage d’un 24–80 mm en équivalent 24×36, un peu plus généreuse que les 14–42 mm et 12–32 mm habituels chez Olympus et Panasonic. Ensuite, un 42,5 mm f/1,8, une focale à portrait (équiv. 85 mm) extrêmement proche du 42,5 mm f/1,7 de Panasonic. Petite curiosité, ce caillou n’a pas de bague de mise au point, ce qui est étonnant pour un objectif interchangeable et peut-être plus encore pour un portraitiste.
Ces limitations pourraient être quelque peu adoucies par le tarif : selon DP Review, le M1 avec le 12–40 mm devrait coûter 500 $ et le double kit environ 600 €, des prix très raisonnables pour un hybride 4K moderne. Pour ceux qui iraient faire un tour en Chine, il semblerait que le tarif local soit inférieur à 2200 yuans, soit l’équivalent de 300 €.
Ce qui m’étonne un peu, soit dit en passant, c’est le silence de la presse française. Elle a largement commenté des non-annonces comme l’Olympus E‑M1 II et le Panasonic GH5, simples évolutions qui ne seront en fait pas là avant quelques mois encore, mais seuls Frandroid et Numerama (ainsi que le blog JT Geek) ont évoqué cette vraie nouveauté, originale et déjà disponible sur son marché domestique.